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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 15:09
...DEUXIEME PARTIE : de la Sardaigne à la Sicile. (Eté 2006 suite)

 Calabre et Est Sicile

 

 

Jeudi 3 Août

A courir d'îles en îles, de sauts de puces en sauts de puces, nous voici arrivés en Calabre! Le bout de la botte italienne, là où ça commence à sentir des pieds…

Mais nous courrons surtout de surprises en surprises. Nous qui pensions avaler des milles nautiques une fois rejoint la côte italienne, nous flânons d'escales en escales, découvrant un pays captivant. Et notre arrivée en Calabre ne fait que confirmer notre impression! Certain de trouver une côte sans intérêt, à l'architecture anarchique et laide, nous n'y rencontrons qu'harmonie et beauté! Chaque village est joliment disposé en espalier, à flanc de coteaux, surplombant un port où les bateaux de pêche se partagent l'espace avec les bateaux de plaisance. Son massif calcaire en toile de fond, dont les sommets avoisinent les deux milles mètres, rappelle fortement la Chartreuse. Nous sommes début Août et nous nous retrouvons très souvent seuls dans les mouillages. De quoi réfléchir à la suite de notre programme. Nous savons qu'il en sera autrement une fois atteint les îles Eoliennes et la sur fréquentation de ses ports et mouillages. Et si nous continuions notre descente de la côte jusqu'au détroit de Messine. La Sicile au mois d'Août et les îles en Septembre, rien que pour nous…

Nous venons de crocher notre ancre à Sapri, dans le golfe de Policastro, latitude 40° Nord.

 

Dimanche 6 Août

 

Cinq heures du matin, nous quittons le port de Cetraro où le mauvais temps nous a retenus deux jours durant. Ce port n'a absolument rien qui vaille la peine de s'y arrêter mais nous n'avions pas le choix. Partis de Sapri trente cinq milles dans le nord, nous avions projeté de faire une pose à Diamante dont le nom et son rocher nous rappelait un autre lieu sous les tropiques. Fatigués par une navigation entrecoupée d'orages, nous sommes arrivés dans un port fermé pour cause de travaux! Contraint de poursuivre notre route. Encore douze milles dans la houle et les éclaires… Réjouissant! La pression est descendue à 1001hp et nous avons même été témoin de la formation de deux tornades sur la mer. A éviter absolument!

Le mouillage en avant port de Cetraro, abrité de la houle, nous accueille avec soulagement.

Port thonier a la grande période de Juin et Juillet, pour l'heure, les pêcheurs ont cédé la place aux bateaux de plaisance. Si Cetraro ne présente pas beaucoup d'intérêt, il en va autrement de sa population. La gentillesse est quelquefois surprenante. Nous en avons bénéficié dès le premier soir lorsque, amarrés au quai passagers, nous sommes réveillé à minuit par le bruit du bateau tapant contre la panne. Le fort ressac pénétrant dans la port devenait dangereux pour notre voilier. Il faut partir et nous envisageons de retourner à l'extérieur, dans l'inconfort de la houle… Un couple, venu vérifier l'amarrage de leur petit bateau, se propose de m'accompagner avec leur voiture à l'autre extrémité du port afin d'y repérer une éventuelle place libre. Elle professeur de français et lui médecin passionné par notre pays, la communication est facile. Nous trouvons un emplacement entre un voilier et un bateau de pêche où nous réussissons à nous glisser. Le vent soufflant assez fort, l'opération est délicate et là encore, des pêcheurs nous aident. Pendant une demie heure, ils nous assisterons dans la manœuvre, passant amarres et traverses dans les anneaux du quai. Antoine le médecin, après avoir remmené sa femme, revient voir si nous sommes bien installés. Nous finissons les présentations autour d'une bière bien méritée…

Hier midi, sur recommandation, nous nous rendons au village à deux kilomètres, déguster cette célèbre pizza "del a mare" au restaurant du Moulin. Malheureusement, ils ne font pas de pizza le midi. Quand nous expliquons au patron que nous sommes au port et donc à pied, il se propose de nous raccompagner avec sa voiture et nous offre le même service si nous voulons revenir le soir! Ce que nous ferons bien évidemment.

Ce même soir, Antoine nous proposait de nous inviter a manger chez lui! Nous repartons après avoir échangé nos téléphone, et normalement ce soir, au port de Tropea près du détroit de Messine, une place de port nous attend, la sienne…   

Le jour se lève et nous apercevons au loin, les fumerolles de l'île de Stomboli, un autre programme…

   

Lundi 7 Août

 

Nous allons passer notre deuxième nuit au mouillage, en avant port de Tropea. Arrivés hier dans cette superbe ville, nous n'avons pu récupérer la place de notre ami Antoine déjà occupée par un autre bateau. De toute façon, il était impossible d'y caser Casalibus, beaucoup trop large pour ce petit emplacement. Nous sommes donc restés sur ancre, à l'entrée du port, suffisamment abrités de la houle de nord-ouest.

Cette ville de Tropea se donne des airs de Bonifacio à laquelle elle ressemble un peu. Perchée sur une haute falaise surplombant la mer, ses maisons de plusieurs étages aux murs délavés semblent accrochées dans le vide. Nous devons gravir, depuis le port, les deux cents marches d'un escalier étroit pour atteindre le centre, envahi de promeneurs en ce dimanche d'Août. Les ruelles s'entrecroisent et il est facile de se perdre dans ce dédale anarchique.

Lorsque nous regagnons le bateau après avoir goutté quelques spécialités calabraises, nous nous rendons compte qu'il est fortement chahuté par la houle. D'autre part, un orage peu engageant se prépare au large! Nous appelons la capitainerie par VHF afin d'obtenir un emplacement dans l'enceinte de la marina. On nous attribue la seule place vacante du port entre deux gros yachts italiens dont les occupants rentreront très tard dans la nuit en faisant un boucan d'enfer. L'ambiance des ports de plaisances en été… 

Aujourd'hui, la météo n’est guère réjouissante et nous serions bien restés amarrés au ponton. Seulement voilà, le locataire de la place est revenu. Çà, c'est la raison officielle, mais je soupçonne surtout le peu de poids que pèsent nos trente cinq euros de redevance face à la forte somme dont doit s'acquitter notre remplaçant avec son super yacht. Espérons que cette nuit sera calme et sereine…En cas de force majeur, nous aurions toujours la possibilité de nous installer au ponton carburant, voir même de nous mettre à couple d'un autre bateau.

En tous cas, voilà deux nuits que les nuages sur l'horizon nous masque le cratère rougeoyant du Stromboli, une trentaine de milles au large. Patience, patience!   

 

Mercredi 9 Août

 

Effarant! Nous venons de passer le détroit de Messine, tôt ce matin, à la faveur d'un courant portant, d'après les renseignements obtenus auprès des pêcheurs locaux. Un véritable tapis roulant où il ne ferait pas bon de tomber. Après les fortes rafales de sud à l'entrée du détroit, nous décidons d'attendre un meilleur créneau, au mouillage devant le petit port de Scylla. Rapidement, en nous rapprochant de la rive est du détroit, nous nous rendons compte qu'en étant sous le vent de la côte, tout n'est pas perdu. Nous filons plein gaze en longeant le littorale qui défile sur bâbord à toute allure. Notre loch indique cinq nœuds et demi alors que nous avons un vent de face à vingt cinq nœuds? Après contrôle au GPS, nous marchons à près de huit nœuds! C'est gagné, nous passerons. Les remous dans la passe la plus étroite du chenal sont impressionnants. La mer écume et des vagues déferlent dans tous les sens. On a vraiment l'impression à ce moment là d'être entourés de monstres marins. Je comprends mieux la frayeur des marin d'Ulysse empruntant ce passage mythique…Cela dure une demie heure avant de retrouver un calme relatif. Le trafic dense des ferries reliant la Sicile à l'Italie ne contribue guère à notre sérénité retrouvée!

Encore vingt cinq milles et nous nous retrouverons dans notre premier mouillage sicilien! Nous l'espérons de rêve…Pour l'heure, le défilé de la côte autour de Messine est décevant contrairement à la côte calabraise.

Hier au soir, pour notre dernière nuit sur la rive italienne, nous nous sommes payé le luxe d'un port pour nous tout seul! Notre guide vieux de trois ans l'annonçait en construction et bien…il l'est toujours. Notre nuit fût royale, amarrés à l'abri de la digue, tout proche du village de pêcheurs.

    

Samedi 12 Août

 

Nous voilà amarrés au quai du petit port d’Acitrezza, dans la réserve marine des îles Ciclopi, juste au nord de Catane. Voici maintenant trois jours que nous sommes en Sicile et les impressions sont mitigées. En ce qui concerne l'accueil, pas de problème, nous confirmons que les italiens sont des gens adorables! Pour ce qui est du respect de l'environnement, âmes sensibles, passez votre chemin… Plus nous descendons dans le sud, plus le problème est réel. Ici, jeter un papier d'emballage dans la rue ou un sac poubelle le long d'un chemin est chose normale. Quelque fois, on peut être étonnés de voir des détritus tout autour d'un container à ordures vide! Un employé de la voirie m'en expliquait la raison il y a quelques jours. Les gens se débarrassent simplement de leurs ordures sans descendre de voiture, en jetant le sac poubelles par la vitre, au pied des containers désespérément vides! Un jour, j'apostrophais un italien jetant ses déchets dans l'angle de la digue du port, à dix mètres de notre voilier:

" Italia! Champion del mondo!" en lui désignant le tas d'ordure. Il a réellement cru que je lui parlais de foot et a poussé un cri en levant les bras en l'air…Histoire vraie!!!

Notre deuxième déception concerne cette côte est où les abris naturels font défauts. Le premier soir, nous avons mouillé dans une crique assez jolie, mais par huit mètres de fond, sur les rochers. Pas très engageant pour rester la nuit, d'autant que la houle a fini par rentrer dans la baie avec les conséquences que l'on connaît. Heureusement, la visite du village perché (550 marches…) de Taormine, avec sa vue imprenable sur l'Etna, est exceptionnelle.

Hier, nous avons trouvés refuge dans l'enceinte du port de Riposto où nous avons jeté l'ancre à côté d'un voilier américain. Nous avions l'impression d'être mouillés au pied de l'Etna, au cratère fumant, tant sa silhouette était proche. Cette ville aux trois églises n'a rien d'extraordinaire, mais nous sommes tombés le jour de la "fête de la pêche" qui se déroulait bien évidemment sur le port! Nous y avons retrouvé l'équipage du bateau américain qui avait comme nous, préférer participer que subir!!! Quelques bières plus tard, tout était terminé et nous pouvions enfin aller nous coucher.

Notre grande satisfaction au réveil a été la visite du superbe marché aux poissons. Un choix extraordinaire et des prix a vous faire craquer. C'est ce que nous avons fait en achetant crustacés et poisson pour trois jours!

Aujourd'hui, l'ambiance est différente. D'une part, nous sommes samedi et d'autre part, nous nous trouvons dans cette réserve maritime très prisée des habitants de Catane. Là encore, nous pensions mouiller en extérieur, mais visiblement, des lignes d'eau interdisent toutes tentatives d'approche de la côte. D'autre part, nous nous trouvons au milieu de récifs de basalte noir et l'ancrage paraît aléatoire. Nous finissons par rentrer dans le port et nous installons cul au quai, à côté des…américains. Ils nous aident dans notre manœuvre et nous confirment que l'endroit est libre et gratuit!!! En plus, il y a de l'eau sur le quai. Ce sera le paradis quand tous les "catanais" seront rentrés chez eux…

     

Lundi 14 Août

 

Soleil radieux, mer plate, nous venons de jeter l'ancre dans la baie de Syracuse, au pied de la vieille ville. C'est toujours un peu magique que de pénétrer en bateau au cœur d'une ville et d'y poser son ancre à proximité même de l'agitation des rues. C'est d'autant plus sympa quand il s'agit d'un lieu aussi mythique que Syracuse. Mais ce plaisir est largement mérité aujourd'hui après les trente milles nautiques d'une navigation pénible ou la grosse houle de  travers nous a chahutés pendant toute la matinée. Il faut dire que notre séjour à Riposto c'est terminé dans la bataille! Si notre première nuit au quai du port c'est bien passée, la deuxième fut agitée… Revenant en bus hier en soirée d'une visite de la ville de Catane, nous avons eu la surprise à peine arrivés au bateau, d'un de ces coups de vent inattendu et non prévu. Plus de quarante nœuds dans le port et le branle bas de combat qui en résulte. Le vent est une chose, mais la houle qu'il génère en est une autre. Des vagues énormes qui finissent par contourner la digue et vous soulèvent les bateaux a hauteur du quai! Une nuée de petits bateaux surpris par la force de ce vent catabatique, se ruent dans le port dans l'espoir de s'y mettre à l'abri. Même les pédalos, venus randonner autour des îlots de la réserve marine, rentrent dans le port dans l'agitation générale. Le responsable de tout ça, l'Etna…Ce phénomène se produit quelque fois les soirs d'été, après une journée particulièrement chaude, où les pentes surchauffées du volcan restituent la chaleur emmagasinée durant le jour. Le vent fini par tomber après deux heures d'acharnement. Quant à la houle, c'est très progressivement qu'elle se calmera dans la nuit, avant de se gonfler à nouveau au petit matin. A sept heures nous filons, après de multiples tentatives pour retrouver le sommeil, interrompu cette fois par l'arrivée bruyante des pêcheurs à la ligne…

 

Mercredi 16 Août

 

Nous quittons Syracuse avec regret ce mercredi matin. Avec regret car Syracuse mérite pleinement sa renommée. C'est tout simplement beau! Et bien que très touristique, la ville est paisible et la vie y est peu chère. Est-ce la raison de la présence de nombreux français? Nous appréhendions de nous retrouver dans un lieu aussi touristique un jour de quinze Août, et bien c'était plutôt une opportunité. Nous avons assisté à une course de barques traditionnelles dans la baie. Le plus impressionnant étant la multitude de bateaux accompagnateurs. On aurait pu se croire à un départ de la course du rhum tant l'ambiance y était! Et puis le quinze Août étant une fête religieuse, dans un pays comme l'Italie, cela pèse lourd…Carillonnages a tout va, processions dans les rues, fanfares et musiques accompagnent les madones que l'on dépoussière pour l'occasion.

Quelques rencontres avec d'autres navigateurs nous on permit aussi d'échanger des infos et de goutter un "champagne" sicilien très particulier à bord d'un voilier de cinquante pieds tout confort… Aucun navigateur français dans tous ces échanges sympathiques! Tout juste s'ils répondent à nos saluts.

Aujourd'hui, un vent d'est de quinze nœuds nous pousse vers le cap Passero, extrémité sud de la Sicile.       

 

Malte  

 

Vendredi 18 Août

 

Le soleil se lève juste sur la baie de Porto Palo lorsque nous appareillons pour Malte. Bien que la météo soit favorable, nous appréhendons cette navigation dans "l'alizé diesel". Depuis que nous avons rejoint l'extrême sud de la Sicile, les vents sont absents. Par contre, la houle semble ne jamais se lasser de nous bercer… De toute façon, il nous fallait quitter ce triste port de Porto Palo. Désolation complète! Le village se trouve à deux kilomètres et les abords du bassin sont lugubres. Ancienne usine en ruine, maisons de pêcheurs à l'abandon et décharge publique tout autour. Un chantier navale travail encore au ralenti semble t'il, car de nombreux chalutiers y pourrissent. Trois d'entre eux sont tunisien et ont été saisis suite à un trafic inavouable.

Seul agrément à ce sinistre tableau, le trafic des thoniers qui viennent mouiller dans la baie. Le Cap Passero, extrémité sud de l'île, est un lieu de pêche très prisé car des bancs de thons et d'espadons empruntent régulièrement ce Canal de Sicile entre l'Afrique et l'Italie du sud. Ces poissons y sont d'ailleurs très bon marché ce qui n'est pas pour nous déplaire! Bien évidemment, j'en profite pour mettre ma ligne à la traîne, armée de son nouveau leurre acheté pour l'occasion…      

 

Dimanche 20 Août

 

Deuxième jour que nous sommes à Malte et jusqu'à tout a l'heure, le moral était dans les baskets! Nous étions loin de nous imaginer une île aussi urbaniser. Et quel urbanisme! La Grande Motte fait figure d'exemple en comparaison à Malte. Pas une parcelle de la côte autour de la Valette où ne se dressent d'horribles immeubles de toutes époques. Et quand un espace est disponible, ce sont des grues qui s'attaquent a combler le vide par une future "demeure de rêve dans un ensemble enchanteur"…       

Nous avions pourtant décidé d'atterrir au nord de l'île, loin de la capitale que nous savions très bruyante. Après une traversée plutôt rapide grâce à la petite brise soulageant notre moteur, nous avons jeté l'ancre dans une baie paraissant idyllique d'après la carte et plutôt tranquille d'après notre guide. En fait, un port au milieu des immeubles! Pas un brin d'espace de verdure. Du béton, toujours du béton et une température avoisinant les quarante degrés!

Seule consolation, l'endroit est parfaitement abrité. Et puis, un superbe poisson pêché pendant la traversée fini sa vie sur le barbecue. Une belle prise à laquelle auraient pu s'ajouter trois autres que je n'ai pas réussit a ramener à bord. Une superbe bonite de cinquante centimètres s'est décrochée alors qu'elle était déjà dans l'épuisette beaucoup trop petite pour elle…     

Aujourd'hui, nous avons enfin déniché une petite crique a peu près tranquille, bien que nous soyons dimanche, la baie de San Tumas. Seuls quelques hôtels occupent le rivage, mais la côte tout autour est bordée de falaises de schiste blanc. L'eau est transparente et les fonds de sable blanc se laissent voir sans problème. A cinq milles au sud de la capitale, il semble que se soit un lieu très prisé des citadins de la Valette, car de multiples bateaux à moteurs sont mouillés ici pour la journée. De toute façon, après une journée et une nuit passées dans la marina en plein cœur de la ville, nous trouverions paradisiaque la baie de La Ciotat en plein mois d'Août… 

Hier matin, nous avons rapidement quitté notre mouillage de Saint Paul's bay et ses tristes immeubles, pour nous rendre directement à la ville. La vraie, celle qui mérite d'être vue. Effectivement, La Valette est une ville chargée d'histoire où chaque conquérant a laissé sa trace. Je parle de la ville historique évidemment, car ici plus qu'ailleurs, la banlieue nous montre son désespoir et sa laideur. La vieille ville est bâtie sur une presqu'île de chaque côté de laquelle se sont construit des ports de commerce. Par la suite, l'essor de la navigation de plaisance a fait s'installer des marinas tout confort. Malheureusement, il ne reste plus de place pour le mouillage forain et nous avons du nous résoudre a gagner une de ces marinas. Avec le change avantageux, les prix sont abordable, mais la chaleur a l'intérieur de la cité est insupportable. Une autre chose est insupportable, ce sont les formalités douanières que l'on nous impose encore malgré l'appartenance du pays à la communauté européenne. Formulaires en trois exemplaires à remplir en anglais! La secrétaire de la marina s'est montrée très compréhensive et très ennuyée elle aussi par toute cette surcharge de travail inutile. Et il faudra recommencer lors de notre sortie du territoire. Je risque fort d'oublier la démarche…

La trace la plus visible à La Valette est celle laissée par les anglais évidemment. Conduite à droite, bus typiques des années soixante et encore vaillants aujourd'hui. Ces bus sont d'ailleurs bichonnés par leurs conducteurs même s'ils les mettent à rude épreuve! Nous en avons pris un qui accusait quarante cinq années de service avec clochette d'origine actionnée par un câble par les voyageurs demandeurs du prochain arrêt. Je pense qu'ils font la fierté non seulement de leurs chauffeurs mais de tous les habitants de l'île, et le bonheur des nombreux vendeurs de miniatures les représentant! Par contre, j'ignore qui apporta ici cette tradition un tant soit peu pénible de tires d'artifices et de pétards à toute heure du jour et de la nuit…

               

Mercredi 23 Août

 

Nous profitons de la fraîcheur toute relative à l'intérieur du bateau. Il est quatorze heures et une petite brise thermique maintien la température juste au dessus des trente degrés! Nous sommes ancrés dans "Le" mouillage paradisiaque de Malte. En fait, au nord de l'île de Comino, entre Malte et Gozo. C'est beau, même très beau. Des eaux turquoise sur fonds de sable blanc…enfin, vous connaissez la chanson! Très honnêtement, on pourrait se croire aux Maddalena. Seulement, à moins de un mille de Gozo et une dizaine de La Valette, ce petit paradis est envahi de touristes débarqués des nombreux bateaux assurant les navettes. Tout est organisé avec transats a disposition, vendeurs de glace et de burgers et espace baignade délimité. Collecte des ordures et WC sur la plage. Le soir venu, rien ne laisse transparaître d'une telle fréquentation. Rien a voir avec son homologue sarde et l'anarchie qui y règne. Et en plus, l'accès est libre et gratuit.

Il fallait bien tout ça pour nous convaincre du bien fondé de notre escapade dans cette petite nation de la Communauté Européenne. Depuis notre arrivée, nous allons de déceptions en déceptions. Après notre descente de la côte est où nous avions réussi a trouver une baie relativement sympathique pour passer la nuit, nous avons fait escale à Marsexlokk à l'extrémité sud de Malte. Il s'agit d'un immense complexe portuaire d'où entrent et sortent d'énormes porte- containers et où l'activité ne s'arrête jamais. Nous avons trouvé une place à l'écart pour mouiller notre ancre, proche des quelques petits bateaux de pêche amarrés sur bouées. Nous n'étions que deux voiliers, perdus dans ce décor à pleurer. Fuir absolument, c'est ce que nous avons fait hier matin malgré une météo peu favorable à une remontée de la côte ouest de l'île. Vingt nœuds de vent dans le nez avec une grosse mer, ces vingt milles de navigation resterons un mauvais souvenir que la baie de "Blue Lagoon" contribue à nous faire oublier.

Demain, si le temps le permet, nous traversons sur la Sicile afin de retrouver cette ambiance italienne qui nous manque déjà…              

 

Vendredi 25 Août

 

Ca y est! Nous sommes de retour en Sicile. L'ambiance, nous l'avons retrouvée, mais pas celle que nous connaissions… Une heure après notre arrivée dans le port de Scoglietti où nous avons mouillé à l'abri de la digue, les gardes-côtes nous ont fait cherchés dans toute la ville. Motif, le mouillage est interdit en avant port! Ils ont fini par nous trouver à la terrasse d'un bar où nous n'avions encore rien consommé. Il a fallu les suivre immédiatement. Tant pis pour la bière dont nous rêvions durant notre traversée depuis Malte… Après contrôle de nos identités, nous avons tout simplement été expulsés! Pas de place pour nous dans la minuscule marina et le prochain port est à treize milles. Plus de deux heures, après une journée complète de navigation… La nuit tombe déjà, nous optons pour un mouillage en extérieur du port, en comptant sur la clémence des éléments. Envolée la pizza aux fruits de mer que nous comptions nous envoyée au restaurant sur le port… Je hais les uniformes et leurs intransigeances!!!

Le repas à bord est amer d'autant que la pêche du jour n'a pas été fructueuse comme lors de notre précédente traversée. Il me semble qu'une lassitude est en train de s'installer auprès de l'équipage…   

 

 

Dimanche 27 Août

 

Licata: latitude 37°nord, longitude 14°est. Nous connaissons la ville sur le bout des doigts! Deux jours déjà que nous la parcourons de long en large. Une bourgade attrayante où le baroque est maître des lieux. Nous comptions nous y reposer une journée, mais la météo en a décidé autrement. Un vent de nord-ouest de force sept (trente cinq nœuds) nous contraint à rester à l'abri. Là encore, nous nous en tirons bien, il y a pire comme exile! La ville nous plait et nous y rencontrons des gens tout à fait sympathiques. Nous y avons même nos habitudes en ce qui concerne le café du matin ou la bière du soir…

Il faut cependant reconnaître que cette côte sud de la Sicile, en dehors de ses sites archéologiques, ne présente que peu d'intérêt. D'ailleurs, les bateaux de plaisances qui y naviguent se font rares. Nous ne sommes que trois dans l'immense avant port pourtant parfaitement abrité. Des projets existent pourtant. Un des responsables du port, rencontré sur la jetée, nous a gentiment glissé a bord de l'annexe un prospectus alléchant sur la future marina! Très professionnellement, il avait joint également une copie de la météo pour les quarante huit heures à venir et une documentation sur la ville. Une motivation que l'on aimerait rencontrer plus souvent "par chez nous"!!!

 

Mardi 29 Août

 

Nous sommes toujours trois voiliers au mouillage! Rien de changé. Quatre jours que ce p. de vent de nord-ouest nous bloque ici. Ce matin à six heures, nous avons tenté une sortie, la météo de la veille nous y incitant. Une demi-heure plus tard, nous étions de retour! Des creux de deux mètres, et déjà quinze nœuds de vent dans le nez. Nos compères vont se marrer quand ils nous verront mouillés un peu plus loin. Hier au soir, nous leurs avions dit adieu, persuadés que nous étions de pouvoir partir. Nous les avions trouvés un peu défaitistes, voir timides de ne pas nous imiter… Un couple d'anglais qui remontent dans le nord, comme nous. Ils hivernent leur bateau dans le port de Sciacca où nous comptons nous renseigner. L'autre bateau est sous pavillon américain, mais son équipage est franco- israélien. Charles vient de fêter ses quatre vingt ans! Hier, il nous conseillait la patience… "Jeunes" cons que nous sommes! Tout juste rentré d'une transat avec sa femme, il reste imperturbable face à ce vent permanent qui balaie l'avant port. Lundi, nous avions changé de place afin de nous mettre un peu plus à l'abri, derrière les silos à ciment construits sur la digue. Il n'avait pas compris le but de notre manœuvre! Trente nœuds de vent et le clapot qu'il génère ne le dérange nullement! Ils nous comptent leur traversée et leur séjour en Amérique du sud, terre de naissance de Mimi, panaméenne d'origine. Lorsque je m'étonne de la durée de leur parcours Canaries, La Barbade, soit vingt six jours en pleine période des alizés, lui fini par m'avouer qu'ils ont terminés sous gréement de fortune. Démâtés en plein océan, victimes d'un coup de vent non anticipé…Il en faudrait un peu plus pour lui faire raccrocher son ciré à cet homme là!            

Vues les prévisions météo pour les jours à venir, je crains qu'il n'y est encore d'autres soirées apéro sur nos bateaux…

            

Vendredi 1er Septembre

 

Partis! Nous sommes partis, enfin! Après huit jours d'escale forcée, nous avons quittés le port de Licata à sept heures ce matin. Les Anglais nous ont précédés de quelques heures et après un contact radio, ils nous confirment que la mer est slight…

Hier au soir, nous prenions notre dernier verre de l'amitié à bord de "Nous Deux", le bateau de Mimi et Charles, et rien n'était joué. Alors que nous nous préparions a sortir ensemble, manger une pizza en ville, un méchant vent du nord a balayé le bassin, contraignant chacun de nous a regagner son bord.

Aujourd'hui, c'est calme plat (pour l’instant), et nous imaginons la déception des doyens de notre petite bande lorsqu'ils s'apercevront de notre départ à leur réveil…Eux sont bloqués encore quelques jours à Licata, en attente d'une pompe à eau pour leur moteur. Ensuite, ils doivent rejoindre Israël pour hiverner…

Cette ville nous aura marqués par la sympathie générale des rencontres que nous y avons faite. Une belle consolation dans notre "malheur".

 

Lundi 4 Septembre

 

Les températures chutent de jours en jours. Dix sept degrés au petit matin, nous avons ressorti les couvertures.

Notre séjour à Porto Empédocle s'achève ce matin. Le but de cette escale est bien évidemment Agrigente, haut lieu archéologique sicilien. C'est la première fois que nous visitions un tel site. Epoustouflant! On ne peut être qu'admiratifs devant de tels chef- d'œuvres que ces temples construits dans la vallée des merveilles. Si, de la plupart d'entres eux il ne reste debout que quelques éléments de construction, celui de la Concorde est parfaitement conservé. Deux milles cinq cents ans de guerres, de tremblements de terre et de tempêtes ne sont pas venus à bout de cette merveille architecturale. Il y a une telle concentration de sites archéologiques autour de la ville d'Agrigente qu'il est impossible de tout voir en deux jours. Nous aurons fait le maximum, mais il y a des jours où j'aimerais être un archéologue passionné.

En ce qui concerne le port de Porto Empédocle, nous avons eu la malchance de tomber un week-end de "fiesta"! Une de ces fêtes où l'on sort des églises la statue d'un saint quelque-chose et que l'on promène dans les rues, le jour et la nuit, accompagné d'une troupe de joyeux lurons armés de tambours. Bien évidemment, les forains profitent de l'occasion pour installer des manèges, le long du port il y a de la place! Ah, et puis si toute fois, il vous arrivait de vous oublier au lit le matin, les vingt et un coups de canon à sept heures vous rappellent que la messe est à huit heures trente… En clôture hier au soir, nous avons profité d'un splendide feu d'artifice tiré à…deux heures du matin! Nous sommes crevés, vidés.

Mais que de gentillesses chez les siciliens! Nous étions le seul voilier au mouillage dans l'avant port, et là encore, nous avons bénéficié de beaucoup d'attentions de leur part. Nous n'avons jamais fermé notre bateau en Sicile et très rarement cadenassé notre annexe. Hier dimanche, alors que nous demandions notre route pour rejoindre le port depuis Agrigente, en comptant faire du stop, un automobiliste nous a tout simplement reconduits a domicile! Douze kilomètres aller-retour alors qu'il ne nous connaît pas, juste pour rendre service…

Aujourd'hui, nous mettons le cap sur Sciacca, à vingt cinq milles plus au nord, où nous allons négocier pour l'hivernage de Casalibus…         

 

Mercredi 6 Septembre

 

Ca y est! C'est fait, nous avons trouvé une place pour notre voilier à la marina de Sciacca. De toutes façons, nous n'avions guère le choix, car après plusieurs contacts avec d'autres ports sur la côte nord, nous manquions de nous étrangler à chaque annonce des tarifs…Ici, nous avons négocié ferme et sommes parvenus à un accord satisfaisant bien que nous soyons à près du double de l'année passée! Nous avions la possibilité de traverser sur la Sardaigne pour retrouver notre fabuleux port de Santa Maria Navarrese, mais les trente six heures de navigation qui nous en séparent nous en dissuadent. D'autant qu'il faudrait les refaire dans l'autre sens l'année prochaine… Quand à la Tunisie toute proche, un passeport est obligatoire pour y rentrer et nous n'avons qu'une modeste carte d'identité. Arrêtons là les regrets. Nous avons une place et je suis soulagé. Il nous reste quatre semaines pour explorer la côte ouest et l'archipel des îles Egade, nous ne risquons pas le stress! D'autant que nous avons même réservé les billets du retour, pour le trois Octobre…

Et puis deux jours à Sciacca nous ont permis de nous renseigner auprès des autres marins de la marina. Certains hivernent ici depuis plusieurs années et sont tout à fait satisfaits. La ville n'est pas désagréable et les paysages alentour très montagneux.

Pour l'heure, nous longeons le littorale par mer plate et vent nul, direction Mazara del Vallo sur la côte ouest.

 

Dimanche 10 Septembre

 

Mer calme, soleil voilé, nous filons sur l'île de Favignana, la plus grande et la plus au sud des îles Egades.

Après une journée passée au mouillage à Mazara del Vallo, premier port de pêche sicilien, nous avons continué notre remonté de la côte en direction de Marsala dont chacun connaît le vin qui en fait sa renommée. Comme la majorité des villes côtières de la Sicile, Marsala est tout d'abord un port dont les alentours sont peu engageants. Bâtiments en ruine, chantiers navals délabrés et quais encombrés d'immondices! Il faut avoir le courage d'affronter tout ça et de traverser le quartier du front de mer et ses affreux immeubles pour enfin pénétrer au cœur de la ville historique. Là, l'on retrouve les rues pavées bordées des façades au style baroque de la grande époque sicilienne. Les églises et chapelles ont chacune une architecture différente mais elles sont si nombreuses et quelquefois tellement cachées que l'on en oublie certainement. Et comme de partout sur l'île, il faut éviter de s'y balader l'après midi a moins de rechercher la tranquillité. Entre quatorze heures et dix huit heures, les rues sont désertes et les magasins fermés pour cause de "siesta"…La ville est surtout agréable le matin, autour du marché aux poissons où les petits pêcheurs y vendent leurs prises du jour dans de grandes corbeilles en osier. Quand au musée archéologique de Marsala, il se démarque des autres par la diversité de ses collections et par sa plus belle pièce: l'épave d'une galère datant du troisième siècle avant JC.     

Si agréable soit-elle, cette ville ne mérite toutefois pas les trois jours que nous lui avons consacrés. La véritable raison de cette escale prolongée est encore une fois due a la météo défavorable…

Il y a longtemps que je ne vous avais pas parlé de mouillage idyllique, avec mer cristalline et fonds de sable blanc! Il est onze heures du matin et nous laissons tomber notre ancre dans la baie de Calarossa au nord-est de l'île de Favignana. C'est exactement comme sur les cartes postales et nous sommes heureux de retrouver la magie d'un "mouillage de rêve"!!!   

 

Mardi 12 Septembre

 

Deux jours que nous sommes encrés dans l'avant port de Favignana, unique ville de l'île du même nom. Cette fois, ce n'est ni contrains ni forcés, mais simplement parce que l'endroit est très agréable. Le petit port de Favignana est charmant! Rien a voir avec ces ports industriels aux eaux grises que nous avons fréquentés jusqu'alors en Sicile. Nous sommes mouillés devant la plage, au fond de cette crique semi naturelle, au pied des bâtiments rénovés de l'ancienne conserverie de thon. La pêche au thon ici n'est pas seulement un métier, mais une institution. Elle se pratique d'Avril à Juin et reste la principale ressource de l'île avec le tourisme. Le thon est pêché au filet, entre les différentes îles de l'archipel des Egades et la remonté de ces filets a un caractère plutôt violent! Les thons sont hissés à bord des bateaux par les pêcheurs munis de longs crochets en aciers. Cœur sensibles s'abstenir!

Parfaitement abrité, nous pouvons laisser Casalibus en toute tranquillité pour partir à la découverte de l'île. Vue sa dimension, neuf kilomètres de long par quatre de large, c'est en vélo que nous parcourons les routes et sentiers qui serpentent à travers les nombreuses carrières de tuf dans la partie est de l'île et l'unique sommet dans l'ouest. Avec ses trois cents mètres d'altitude, c'est une petite balade de santé pour les montagnards que nous sommes…       

    

Vendredi 15 Septembre

 

Il fallait bien que l'on goutte à ce fameux vent redouté des marins sicilien qu'est le sirocco. C'est fait! Arrivés avant hier dans le minuscule port de Marettimo, île la plus à l'ouest de l'archipel, nous étions amarrés cul au quai, proche de deux bateau d'excursion. Notre navigation depuis Favignana, distante de dix milles nautique, c'était effectuée par vent établi de vingt nœuds. Un véritable plaisir si ce n'est la levée d'une houle de plus en plus confuse au fur et à mesure de notre approche de Marettimo. Une magnifique dorade coryphène nous a même fait le plaisir de mordre à notre ligne de traîne! Alors que nous la dégustions le soir même en tartare, la houle s'est accentuée et le vent a forci au fil des heures. A une heure du matin, le réveil fut brutal. Nous touchions le quai sur bâbord alors que nous en étions éloignés de plus de deux mètres lors de notre accostage! Faire vite! Larguer les amarres et foutre le camp avant que le bateau ne s'éclate contre ce quai en pierre. La présence de deux marins venus surveiller leurs bateaux nous facilite la tâche. Lorsqu'ils m'entendent démarrer le moteur, ils comprennent immédiatement que notre ancre a dérapée et se précipitent a notre secours. Un retient l'avant du bateau qui touche le quai pendant que l'autre nous libère de nos amarres que j'avais doublées pour la circonstance…Il sera même obligé d'en trancher une récalcitrante avec son couteau. La houle du sud qui rentre dans le port est devenue énorme! Les marins nous invitent a aller de l'autre côté, dans le bassin nord. Nous nous y étions engagés lors de notre arrivée et n'avions pas trouvé de place, les bateaux de pêche pour la plupart étant déjà amarrés à couple en trois ou quatrième positions. Qu'à cela ne tienne, nous nous y installerons en cinquième position, toujours avec leur aide! Ici, le vent souffle toujours aussi fort mais la houle n'y pénètre pas. Un vrai bonheur! Pour l'instant…

Sur notre guide nautique, il est stipulé que "le sirocco souffle entre un et trois jours et qu'il s'accompagne de pluies". Nous passerons la journée du lendemain pratiquement cloîtrés à l'intérieur du bateau tellement les pluies sont abondantes! Quand à la soirée, c'est l'apothéose avec un vent soufflant par rafales à plus de quarante cinq nœuds. Si le premier bateau de la rangée rompt ses amarres, nous serons cinq emportés par le vent. Heureusement, la plupart des propriétaires de ces bateaux sont sur place et surveillent leurs embarcations.

L'agitation sur les bateaux le vendredi matin nous tire d'un sommeil profond après ces deux nuits consécutives de stress. Il fait beau et le vent est complètement tombé. Chaque bateau veut partir et, nous trouvant en bout de file, nous sommes les premiers a devoir quitter les lieux. Le bassin sud étant redevenu calme, nous retournons nous y amarrer en prenant soin de nous écarter le maximum du quai. L'après midi, bien que le temps soit orageux, nous partons a pieds à la pointe nord de l'île en empruntant un très joli sentier à flanc de montagne. Nous nous trouvons sur le versant est du mont Falcone qui culmine à six cent quatre vingt mètres d'altitude. Les pentes escarpées sont recouvertes d'une maigre végétation où fleurissent quelques plantes grasses. Une forêt de pins maritimes borde le rivage au sortir du village. Malgré la chaleur, nous retrouvons le plaisir des marches en montagne et avons grand besoin d'espace après cette journée confinés à bord…

 

Samedi 16 Septembre

 

La météo prévoyait pour la nuit dernière, des orages avec un vent d'ouest à nord ouest force sept. Après renseignement auprès des locaux et notamment de nos dévoués sauveteurs, il s'avère que nous serons bien protégés de la houle et des vents dominant là où nous sommes actuellement. D'ailleurs, beaucoup de bateaux viennent s'y amarrer pour la nuit. Et la météo ne s'est pas trompée en ce qui concerne les orages. Pour ce qui est du vent, c'est du force dix dans les rafales que nous nous sommes offert!!! Tempête, tout simplement, avec cinquante nœuds de vent enregistré à l'anémomètre…Notre ancre a tenue, nos amarres ont résistées et notre moral n'a pas flanché! De toute façon, nous étions tellement cernés par les bateaux qui nous entourent ce matin après leur fuite du bassin nord, que nous ne risquions pas de toucher le quai. Si nous voulions quitter l'endroit aujourd'hui, c'est vingt bateaux qu'il faudrait déplacer. Pour l'heure, notre seule envie est de dormir…

 

Mardi 19 Septembre

 

Marettimo, toujours et encore!!! Du vent de nord-ouest encore et toujours…Trente nœuds en permanence et du quarante régulièrement dans les rafales! Ca tombe bien, nous ne sommes pas pressés, mais quand même! Une semaine que nous sommes ici, cernés par tous les bateaux de pêche et d'excursion. Seul voilier dans le port, nous finissons par faire tâche! En tous les cas, nous sommes la principale occupation des vieux du village…Des heures ils restent plantés sur le quai à nous regarder. Nous ne prenons même plus nos repas dans le cockpit tellement ça devient gênant. Gentils tous ils sont, mais depuis sept heures le matin jusqu'à huit heures du soir, c'est pesant!

Heureusement, l'île est vraiment sympa et de nombreux sentiers de randonnée la parcourt et nous permettent une évasion quotidienne. L'ascension du Mont Falcone est à la fois facile et grandiose. Nous surplombons en permanence les flots déchaînés et la vue du sommet est fantastique. Avec quatre vingt kilomètre heures de vent, il y fait presque frais et nous n'y  restons que quelques minutes. Le lendemain, lors d'une autre randonnée, nous avons la chance de surprendre un bouquetin solitaire qui s'échappe devant nous à quelques mètres seulement.

Demain, il semble que la météo soit plus favorable et nous espérons bien rejoindre Lèvanzo, dernière des îles de l'archipel des Egades…          

   

Vendredi 22 Septembre

 

Nous laissons derrière nous les îles Egades après un séjour de plus de dix jours. Les conditions climatiques ne nous ont pas permis d'en explorer tous les recoins et nous nous sentons un peu frustrés malgré tout. Nous avions encore deux ou trois jours devant nous avant de regagner notre port d'hivernage, mais cette fois, c'est un coup de vent de sud-est qui est annoncé pour les prochains jours, juste dans la direction où nous devons aller! Nous ne sommes pas tentés par un nouveau séjour prolongé sur ces îles et cette fois, je dois avouer qu'il nous tarde de rentrer à la maison…

Avant hier, nous avons mis le cap sur Lèvanzo depuis notre "exile" de Marettimo. Nous étions heureux de naviguer à nouveau et à la voile qui plus est! Cette île est la plus au nord de l'archipel et présente deux ou trois mouillages intéressants. Nous nous sommes contentés de celui qui nous semblait le plus abrité. Mais il s'avère qu'aucun n'est vraiment totalement protégé. Devant le petit port de Lèvanzo, nous avons subit un vilain ressac durant toute la nuit…Aucune motivation au petit matin pour prolonger notre séjour, nous avons décidé de gagner le port de Favignana où nous étions au moins certain de la protection. En remontant notre ancre, nous avons la mauvaise surprise d'être accrochés dans une lourde chaîne d'amarrage! Il me faut plonger, par huit mètres de fond, afin de frapper un orin en tête de notre ancre et qui nous permettra de la libérer de ce piège sournois.

 

Jeudi 28 Septembre

 

Depuis samedi, nous sommes amarrés à la marina "Lega Navale" de Sciacca. Notre périple 2006 s'arrête ici, dans le sud de la Sicile. Nous préparons Casalibus à cette prochaine séparation et le bichonnons au mieux. Nouvelles amarres, pares battages supplémentaires et amortisseurs d'aussières. Il faut dire que ces derniers jours nous ont donnés un aperçu des conséquences d'un coup de vent au niveau du port de Sciacca. La houle y rentre et malmène les pontons et les bateaux qui s'y trouvent d'une façon surprenante. Nous avons franchement l'impression d'être en pleine navigation tant le voilier tangue et roule! Avec quarante nœuds de vent de travers, nous gitons de trente degrés sur bâbord. Heureusement, un emplacement un peu mieux protégé doit nous être attribué demain, mais je croise les doigts pour qu'aucune tempête ne passe par ici cet hiver…

En ce qui concerne l'ambiance, elle est très bonne. Nous avons retrouvé Piter en compagnie de son père, âgé de soixante dix ans et que nous avions rencontré à Syracuse. C'est lui qui nous avait indiqué ce port pour hiverner. Nous avons passé une dernière soirée avec eux, avant qu'ils ne s'envolent pour l'Angleterre dimanche matin. Depuis, Régine et Gérard à bord d'Utopus sont venus se mettre à l'abri dans la marina et les soirées sont bien occupées. Ils arrivent de Turquie via la Grèce où ils ont navigué plusieurs années. Leurs conseils nous seront précieux et leur enthousiasme pour ces pays qu'ils ont tant sillonnés nous conforte dans notre choix pour nos prochaines navigations. Avec Gérard, nous courrons les chipchandleurs du coin à la recherche des meilleurs tarifs en équipement et il s'avère que Sciacca est une très bonne place en la matière. Ca tombe bien, la batterie moteur de Casalibus vient de flancher…

Les journées passent si vite que nous n'avons encore pas découvert la totalité de cette ville. Nous espérons pouvoir le faire avant la fin de la semaine, dès que nos sacs seront bouclés…              

 

Dimanche 1 Octobre

 

L'échéance de notre départ approche! Le soleil est enfin revenu et un régime de brises c'est installé. Utopus en a profité hier pour mettre les voiles. Nous leurs souhaitons bon vent jusqu'à leur destination, le sud de l'Espagne…

Ce mois de Septembre qui s'achève aura vraiment été détestable pour la navigation et nous allons tacher de l'oublier en ne retenant que les meilleurs moments passés dans le sud de la Sicile. Notre impression sur cette région est vraiment très mitigée. La côte ne se prête guère à la navigation et l'absence de mouillage sûr est un handicap certain pour les adeptes de liberté que nous sommes. Etre obligés de fréquenter les ports, qui plus est souvent très sales, ne nous convient pas du tout! Les meilleurs souvenir resteront les visites des sites archéologiques et des villes historiques rencontrés sur notre route et puis surtout, la gentillesse exceptionnelle des siciliens. Dommage que cette gentillesse n'est d'égale que leur mépris pour l'environnement! La Sicile et la Calabre sont sans aucun doute les régions les plus salles d'Europe…

Quelques voyages en bus nous ont permis ces derniers jours de visiter un peu l'intérieur du pays. Beaucoup de vignes et l'agriculture en générale est très développée sur ces terres plutôt arides. Oliviers, citronniers et figuiers de barbarie sont les principales richesses. C'est lors d'un de ces voyages, qu'hier, notre téléphone portable a malencontreusement glissé de ma poche…Perdu pour toujours, ce petit appareil magique nous permettant de garder le contact avec "chez nous". Enfin perdu, peut être pas pour tout le monde!

Pour l'heure, nous sommes heureux de retrouver prochainement famille et amis après ces cinq mois de séparation… 

 

Sud Sicile et îles Egades     

        

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