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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 15:06

TROISIEME PARTIE : de la Sicile à la Grèce. (Eté 2007) 

 

Nord-Sicile-et-iles-Eoliennes.jpg

 

lundi 21 mai 2007

 

Dans deux jours, le départ ! Que n’a t’on pas rêvé sur ce mot magique synonyme de liberté et de voyages. Dans deux jours la séparation d’avec les proches ! C’est cela aussi un départ. La contre partie est quelquefois difficile, mais c’est le prix à payer pour tous les voyageurs…

Nous allons retrouver notre compagnon de voyage « Casalibus » que nous avons laissé en Sicile à la marina de Sciacca. Quelques heures de train et d’avion et nous seront à bord, avec en perspective une semaine de travail acharné (j’exagère un petit peu !) pour la remise en état de notre voilier. Après, ce sera l’aventure vers des îles aux noms enchanteurs : Eoliennes, Corfou, Cyclades…

 

Mercredi 23 mai

 

Première étape réussi, nous avons attrapé notre TGV et sommes confortablement installés pour ce parcours en direction de Milan. Une traversée des Alpes rapide mais très belle sous le soleil de ce mois de mai. Pour nous, ce n’est pas une première puisque nous avions fait le trajet inverse pour rentrer en octobre dernier. Une dernière vue sur le Granier que nous laissons derrière nous avant de nous enfiler dans la vallée de la Maurienne, puis ce sera Modane et son tunnel qui nous mènera en direction des Alpes italienne et de Milan où un avion nous portera en moins de deux heures à Palerme, capitale de la Sicile.

Nous en profitons pour passer nos derniers coups de fil à la famille, avec notre portable pendant que nous sommes encore sur le réseau français. Il nous reste du forfait et celui-ci sera inutilisable une fois la frontière franchie. Comme tous les forfaits téléphoniques à venir d’ailleurs ! Il est quand même scandaleux que pendant quatre mois, notre crédit de téléphone soit perdu et non déduit des appels que nous passerons depuis l’Italie ou la Grèce ! Encore une aberration de notre système économique à l’heure de la construction européenne…  

 

Vendredi 25 mai

 

Il est vingt et une heures et une douce fraîcheur s’est installée dans la marina. Il y a deux jours que nous sommes à Sciacca et l’acclimatation est terminée ! Nous avons retrouvé notre voilier sagement amarré au ponton et aucune mauvaise surprise pour ternir notre arrivée tardive de mercredi soir. Les mauvaises surprises, c’est encore Easy Jet qui nous les réserve. Avec une heure de retard sur le vol, c’est tout notre programme qui est perturbé. Nous récupérons in extrémiste notre véhicule de location à vingt et une heures trente à l’aéroport mais n’arrivons qu’à vingt deux heures quarante cinq à la marina où le patron du bar nous attend pour nous ouvrir la grille d’accès. Rien de bien grave, mais toujours ce sentiment d’être à la merci des disfonctionnements des différents organismes qui gèrent nos voyages ! 

Nous avons consacré ces deux jours, non pas à la préparation du bateau, mais à la visite  de l’intérieur de l’île en profitant du véhicule de location dont nous disposions jusqu’à ce soir. Cette partie sud de la Sicile à vrai dire, ne présente guère d’intérêt ! Hormis bien entendu, les sites archéologiques dispersés le long de la côte. Nous avions visité celui d’Agrigente l’an passé, nous avons exploré celui de Selinente aujourd’hui. Même impression de démesure et de grandeur face à ces temples grec vieux de 2500 ans, encore debout pour certains et dont le mystère de la construction reste entier.

Nous sommes heureux par contre, de retrouver la gentillesse des Siciliens, leur sens de l’hospitalité et la solidarité dont ils font preuves dans les moments difficiles. Pour l’heure, les difficultés sont absentes mais à n’en pas douter, elles ne manqueront pas à l’appel lors de la préparation de Casalibus.

 

Dimanche 27 mai

 

Temps gris et pluies intermittentes depuis hier sur la marina. Quelques voiliers en attente de jours meilleurs pour poursuivre leurs navigations. Chacun s’occupe à la maintenance des voiliers, mais les averses chargées de sable rouge découragent les navigateurs. A peine les ponts nettoyés qu’une pluie vicieuse venue d’Afrique, déverse son lot de poussières teintées sur les coques immaculées ! Je ressens une très forte compassion pour Brigitte visiblement dépitée ! 

Je me suis attaqué hier à la mécanique du voilier. Changé la batterie du moteur qui était hors service, remplacement des courroies d’alternateur et de pompe à eau et de la turbine d’aspiration. Et là, premières déconvenues. La courroie d’alternateur achetée en France de même que la turbine, ne sont pas les bons modèles !!! En fouinant dans mes réserves, je retrouve une courroie de rechange, mais pour ce qui est de la turbine, je dois me rendre à l’évidence, remettre en place l’ancienne en espérant qu’elle tiendra encore quelques miles en attendant d’en trouver une chez le prochain représentant Yanmar, en Italie ou en Grèce.

A part ça, pas d’autres problèmes. Je suis même impressionné de la facilité de démarrage du moteur après ces longs mois d’inaction. Les mystères de la mécanique…Ne jamais oublier cependant qu’un moteur peut être capricieux, voir même vicieux et rancunier !

          

Jeudi 31 mai

 

Nous redescendons de la ville, à pieds, il est 21 heures et la nuit est tombée. Nous sommes allés boire une dernière bière au pub habituel. Et oui, nous finissions par avoir quelques habitudes à Sciacca. Mais il est une habitude dont on ne se lasse pas de témoigner, c’est toujours et encore la gentillesse des Siciliens. Rien, absolument rien n’obligeait le patron de ce bar à nous offrir cette bouteille de vin blanc local alors qu’il venait déjà de nous faire déguster un verre de liqueur. Nous lui avions simplement dit que nous partions le lendemain avec le voilier et que nous regretterions son excellente bière. Je n’irais pas jusqu’à dire que nous sommes tristes de laisser notre place dans la marina, mais ces témoignages de sympathie resteront inscrits parmi les meilleurs souvenirs de ce pays.

Nous sommes enfin prêts au départ ! Après pas mal d’incertitudes, nous avons pu sortir le bateau hier matin malgré le vent encore fort qui contrariait les mouvements de la grue. Calé sur sa remorque, Casalibus gagnait tout doucement le chantier naval, tracté par un camion hors d’âge. Quelques centaines de mètres seulement a parcourir mais une traversée de route et une côte plutôt raide en fin de course m’ont donné des sueurs froides. Ajoutons au tableau des pneus où les desseins ont disparus depuis longtemps et un calage artisanal que les responsables du transport ont essayé de remettre en place à maintes reprises avant d’y renoncer tout bonnement, prétextant que nous étions bientôt arrivés !

Aujourd’hui, le trajet en sens inverse de notre voilier fraîchement repeint, c’est déroulé plus sereinement. Le responsable du chantier était fier de me montrer les modifications apportées au calage. Dommage pour son amour propre que le camion soit tombé en panne en bas de la descente… Un tracteur tout aussi vétuste est venu s’atteler à la charge et ce soir, nous flottons à nouveau dans le port parmi les autres bateaux en escale.

Nos anciens voisins de ponton ont  profités de meilleures conditions météo pour quitter Sciacca, nous devançant ainsi d’une journée. Nos routes se croiseront-elles à nouveau ?      

 

vendredi 1er juin

 

Première navigation, premières émotions. Quarante cinq miles nous séparent de Marsala, notre destination. Nous quittons le port à six heures trente par mer calme et vent nul. Il fait frais, presque froid et les polaires sont les bienvenues. Brigitte à la barre, je range amarres et défenses avant d’installer le pilote automatique, ce magicien des temps modernes qui vous remplace le meilleur barreur. Et bien le magicien c’est mis en grève ! Il refuse obstinément de faire son travail ! Il me faut mettre le nez dans son ventre et là, le diagnostique est formel : moteur grillé. Sept heures à la barre nous attendent…

Une petite brise de sud- est se lève rapidement et contribue à notre progression. Génois déroulé, moteur à mis régime, nous filons à près de sept nœuds. Le soleil montant doucement au dessus des crêtes fini par réchauffer l’ambiance et par là même nos carcasses endolories. Le premier thermos de thé est épuisé et Brigitte commence a être en manque ! Remontant du carré où elle a mis de l’eau à chauffer, elle me signale une forte odeur de gas-oil ! Constatation, puis recherche de la cause : une grosse fuite de carburant au niveau du filtre. Celui-ci a été changé la veille au chantier par le mécanicien…Inutile de faire demi tour après deux heures de navigation d’autant que le vent portant forci de plus en plus. Il faut profiter de cette brise qui nous pousse en direction du nord ouest. Nous parcourons les quarante cinq miles nautiques qui nous séparent de Marsala en moins de sept heures. L’odeur dans le bateau est pestilentielle. Nous contactons le représentant local de la marque Yanmar par l’intermédiaire de la capitainerie. Celui-ci nous renvoie auprès du chantier naval du port qui veut bien intervenir sur la panne mais à condition que je fournisse moi même un filtre à gas-oil neuf ! Une demi-heure de marche digestive dans la ville agrémentée de nombres de recherches de renseignements, m’amène à la boutique tant désirée où visiblement, j’étais attendu. La pièce est prête, sur le comptoir derrière lequel le patron m’accueille chaleureusement. La boutique est minuscule, mais très bien fournie en pièces exclusives Yanmar. J’en profite pour faire mon marché et combler ainsi les défaillances du magasin Accastillage Diffusion en France, avec lequel je règlerai mes comptes plus tard !

Marsala ne représente qu’une escale forcée. Nous connaissons la ville par cœur y ayant passé plusieurs jours l’an passé. Demain, nous espérons pouvoir rejoindre Trapani, une quinzaine de miles plus au nord…si la météo est clémente.

 

dimanche 3 juin

 

Trapani ! Dernière ville de la côte ouest de la Sicile, face aux îles Egades. Le centre historique est plutôt sympa et chose rare en Sicile, propre et entretenu. Construite sur une presqu’île, la mer est omniprésente. Le port est immense et encombré de ferry desservant, à la fois l’archipel des Egades, mais aussi les Eoliennes plus au nord, et la Tunisie toute proche. Le port de pêche quand à lui est très exiguë et les nombreux chalutiers sont amarrés à couples. Pour notre part, arrivé hier en fin d’après midi, nous avons trouvé une place au club nautique à l’extrémité ouest de la rade. Nous avions quittés Marsala à 14 heures après l’intervention du mécanicien qui mit plus d’une heure pour changer le filtre à gas-oil et nous pourrir le bateau en prime ! Aucune précaution pour prévenir les débordements de carburant dans la cale moteur. Après son départ, en ayant constaté au préalable qu’il n’y avait plus aucune fuite, j’ai retiré plus d’un litre de mazout à l’écope et à l’éponge. Le genre de corvée que tout marin appréhende !  

Aucun espoir un dimanche de trouver un magasin d’ouvert, quel qu’il soit. Nous avons décidé de quitter la marina beaucoup trop chère, pour nous amarrer au quai public de la ville. En attendant, nous partons à la découverte des lieux. Tout d’abord, le port de pêche où tous les bateaux sont à quai puisque nous sommes dimanche, mais surtout lendemain de fête nationale ! Et en Italie, on ne plaisante pas avec ça. Quelques pêcheurs sont présents tout de même et s’affairent a la réparation des chaluts.

Nous entrons dans un local sans nom qui semble être le rendez vous des pêcheurs. Nous y prenons un café et en sortant, nous passons devant une boutique d’accessoire pour la pêche sur la vitrine de laquelle figure un panneau « camping gaz international ». Ca tombe plutôt bien, car nous avons une bouteille vide à bord. Tenue par un tunisien parlant parfaitement le français, nous en profitons pour lui demander si nous avons une chance de pouvoir faire réparer notre pilote automatique ici, à Trapani ? Sans problème ! Un simple coup de fil suffit pour que dix minutes plus tard, un professionnel vienne prendre possession du dit pilote en nous promettant qu’il fera tout son possible pour effectuer la réparation dans la journée. Nous sommes dimanche, et je doute un peut. Rendez vous est pris pour 17 heures au bateau. Et à 17 heures exactement, il nous ramène le pilote qui, contrairement à mon diagnostique, fonctionne parfaitement. Il détecte facilement la panne. Le porte-fusible complètement corrodé, l’intensité n’est pas suffisante pour actionner le moteur électrique. Simple comme bonjour, mais voilà, mes compétences en électricité sont plus que limitées ! Notre intermédiaire tunisien en a profité pour venir nous rendre visite au bateau et s’assurer que l’électricien a tenu parole. Il semble heureux et très fier de lui même et de son intervention dans cette affaire. Il n’a rien d’autre a faire et nous propose de nous faire visiter Trapani avec sa voiture. Nous ne risquons pas grand chose à accepter son offre d’autant que cela semble lui faire plaisir. Et nous voilà partis à bord de sa petite automobile qu’il conduit…à la sicilienne ! Il faut dire que notre personnage n’est plus tout jeune. Il nous avoue avoir 83 ans !!! Nous avons ainsi passés deux heures a serrer les fesses dans son tape-cul, le bouquet final consistant a prendre une rue en sens interdit afin de nous débarquer le plus près possible de notre bateau. Expérience fabuleuse qui marquera notre mémoire !

     

             

Mardi 5 juin

 

Le soleil vient de passer derrière la pointe du Capo San Vito et c’est tout le relief environnant la baie qui c’est transformé pour l’occasion, se revêtant de rouge alors que nous plongions dans la pénombre. On a beau être habitué à ce genre de spectacle, on ne peut que rester contemplatif devant la magie qui s’opère alors.

Nous sommes mouillés au sud du port de San Vito lo Capo, à l’extrémité nord-ouest de la Sicile. Nous sommes arrivés en fin d’après midi, après une navigation peu agréable sur la fin, car la houle résiduelle du coup de vent de nord ouest était accentuée au niveau des hauts fonds qui bordent la côte proche du cap. Partis trop tard de Trapani, nous n’avons pas profités de ce vent jusqu’au bout et avons terminés au moteur. Mais le lieu en vaut la peine. D’autant que ce mouillage est le premier de la saison et tout à fait comme nous les aimons. Nous y sommes les seuls ! La baie est parfaitement protégée et entourée de sommets verdoyants plongeant directement dans la mer. Une plage de sable blanc ceinture l’ensemble et un petit village s’étage sur les pentes environnantes. Comble de bonheur, nous avons pu manger dehors ce soir, la douceur étant enfin au rendez vous. Quel contraste avec hier ! Nous avions mis a profit notre escale forcée à Trapani pour visiter le village médiéval d’Erice. Situé à 750 mètres d’altitude, la vue y est imprenable paraît-il ! Nous n’avons pas eu cette chance et avons parcouru les ruelles noyées dans le brouillard et balayées par un vent glacial. Même les autochtones semblaient déconcertés par ce phénomène rarissime pour un mois de juin.

Pour l’heure, il semblerait que l’été soit enfin arrivé…      

 

Mercredi 6 juin

 

Et il est arrivé. Je confirme. Nous avons pris le petit déjeuner à l’extérieur, sous un soleil déjà chaud dès 8 heures du matin .J’ai même pris mon premier bain matinal comme à mon habitude, nu et à jeun. Un peu fraîche quand même l’eau du bain ! La séance natation ne s’est pas éterniser je vous l’avoue.

La nuit a été sereine et seuls les bateaux partant pour la pêche ont troublé notre sommeil. Nous sommes descendus à terre pour faire quelques courses ce qui nous permis de tester le bon fonctionnement de notre annexe. Pas de problème de ce côté là et c’est tant mieux. Elle sera fortement sollicitée dans les prochains mois. D’ailleurs, les navigateurs sous estiment trop souvent l’utilité de ce canot leurs permettant de gagner le plancher des vaches lorsqu’ils sont au mouillage. Nous trouvions la nôtre presque trop grande au début et finalement, il nous arrive de la trouver bien petite, chargée de tout l’avitaillement, quand il faut regagner le bord et qu’un méchant clapot a envahit le mouillage.

En ce début d’après midi, nous traversons la baie de Castelamare, large d’une quinzaine de miles afin de rejoindre le port de Terrasini. La mer est plate et le vent absent. Le ronron du moteur nous berce…nous en avons pour trois heures !     

 

Jeudi 7 juin

 

Il fait vraiment très chaud dans ce port de Porticello. Amarrés au quai des pêcheurs, entre deux chalutiers depuis le début d’après midi, nous recherchons le moindre brin d’air pour ventiler le bateau.

Partis ce matin du port de Terrasini, nous avons navigués cinq heures au moteur, sans un souffle de vent et par mer d’huile. Le ciel très chargé nous a gratifié de quelques courtes ondées chargées de sable ! Un temps idéal pour la pêche à la traîne…D’autant que je dispose désormais d’un nouveau leurre, mais surtout, des conseils avisés de notre ami tunisien de Trapani. Et ça marche. Nous sortons une belle bonite de deux kilos ! Je sens que cette année, nous allons manger du poisson tous les jours…  

Porticello est un petit port de pêche assez joli si l’on fait abstraction de la saleté du port par lui même. Le village aux ruelles pavées est agréable et les quelques placettes ombragées donnent envie de flâner. Mais le tour est vite fait. Non ! L’attrait principal reste les quais des pêcheurs où à chaque arrivée de bateau, c’est l’attroupement général au cul des chalutiers. La pêche se vend ainsi, une fois mis de côté les meilleurs pièces, réservées sans doute par les grossistes ou restaurants locaux. Mais quand arrive un bateau avec trois énormes thons dans les cales, le négociant est déjà sur place et les discutions sont vives.  Même si le camion frigos est sur place lui aussi, ils ne seront déchargés qu’après accord verbal et définitif ! Deux cent kilos pièce, revendus vingt Euros chez le poissonnier, je ne suis pas peu fier de déguster le produit de notre propre pêche le soir même !

      

vendredi 8 juin

 

Réveil plutôt matinal ce matin pour cette navigation de vingt cinq miles jusqu’à Cefalu. La nuit fut sereine malgré les nombreux départs de bateau de pêche dans la nuit. Il faut dire que notre sommeil de la veille avait été quelque peu troublé par le « chant » des jets se posant et décollant de l’aéroport international de Terrasini jusque tard dans la soirée ! Le port se situant exactement en bout de piste, nous étions aux premières loges. Jusqu’aux odeurs de kérosène, nous étions dans le bain !

Petit déjeuner rapide, près pour appareiller, nous nous apercevons que nous sommes bloqués par un chalutier arrivé dans la nuit. Nous jouons des coudes pour sortir de notre place et nous finissons par nous extraire laborieusement de ce piège.  

Cefalu déjà ! Cefalu enfin ! Nous sommes à la moitié de cette côte nord de la Sicile et notre impression est plus que positive. Rien à voir avec le sud, aride et monotone, mais une côte verdoyante et très montagneuse. Et Cefalu nous laisse pantois. Ville médiévale, sa situation géographique est exceptionnelle. Au pied d’un pain de sucre imposant, ses ruelles pavées finissent toutes par arriver en bord de mer, près du vieux port de pêche et la vue porte loin sur les îles Eolienne. Nous décidons de nous attarder un peu ici d’autant que le mouillage est charmant et tout proche du port en cas de besoin.

  

Dimanche 10 juin

 

Huit heures du matin. Nous mettons le cap sur Orlando, trente cinq miles à l’est. La journée s’annonce belle et l’absence de vent nous offre une mer calme. Pas comme la nuit que nous venons de passer au mouillage idyllique de Cefalu. Nous n’avions pas remarqué la présence d’une discothèque en pleine air, juste dans le fond de la crique ! On dit souvent que la première nuisance pour un citadin, c’est le bruit, je suis prêt à le croire. Même lorsque tout s’arrête à quatre heures du matin, le sommeil ne vient pas. Le cerveau est encore imbibé de décibels et le calme n’arrive que bien plus tard.

Ce sera le seul désagrément de notre halte de deux jours dans cette citée. Sans aucun doute l’endroit le plus charmant de tout ce que nous connaissons de la Sicile. En arrivant, vendredi, nous avons d’abord jeté l’ancre au pied de la vieille ville, dans l’ancien port de la citée. Magique ! Un peu comme à Syracuse, mais ici, avec ce relief imposant, nous nous sentions dominés par Cefalu. Une forte brise de nord ouest s’est levée dans l’après midi, accompagnée d’un clapot désagréable, nous contraignant ainsi à rejoindre la baie à l’est du pain de sucre. Nous sommes stupéfaits par ce que nous découvrons. Une baie magnifique, entourée de rochers de toutes les formes où nichent des dizaines de mouettes. Une petite plage dans le fond et le port de plaisance accolé à une longue digue protectrice. Je découvre rapidement que l’eau est très peu salée. Le débit important d’une rivière souterraine débouchant sur la plage, au milieu des roseaux, en est la cause.

Nous avons le choix du mouillage, nous sommes encore une fois les seuls à l’ancre, par trois mètres de fond. Un deuxième voilier nous rejoindra dans la soirée. Nous mettons l’annexe à l’eau et allons débarquer au ponton de la marina. La ville est distante d’un petit kilomètre, par la route du bord de mer. Fait rare sur l’île, l’eau est présente de partout dans la citée. Des fontaines et un lavoir médiéval sont alimentés par des sources naturelles. Ici, tous les bâtiments, toutes les maisons sont superbement entretenus et les fleurs et arbustes embellissent les façades. La cathédrale du douzième siècle domine une place aux terrasses ombragées d’où dégringolent les étroites ruelles vers la mer et le vieux port.

Il est quatorze heures trente, nous nous amarrons sur corps mord dans l’avant port de Capo d’Orlando. Il n’y a pas âmes qui vivent dans la marina. Nous sommes dimanche et la sieste en est sûrement la cause. Nous allons d’ailleurs nous même nous adonner à cette activité sur le champ !    

 

Lundi 11 juin

 

Réveil douloureux pour la gauche française ce matin ! Même si la défaite était prévisible, elle n’en est pas moins cuisante et si cette gauche veut garder un peu d’influence dans le monde politique du pays, elle devra se remettre sérieusement en question. La très bonne nouvelle, c’est le score négligeable de l’extrême droite…

Toutes ces informations, nous les avons cette année grâce à l’acquisition d’un nouvel auto- radio, mais surtout de l’installation d’un duplexer. Ce petit relais électronique permet de brancher le poste de radio sur la même antenne que la VHF, en tête de mât. Nous captons ainsi France Info sur les grandes ondes sans trop de difficultés. Si l’on peut facilement se passer d’informations pendant une période de quelques semaines, le besoin est énorme lorsque l’on absente pour plusieurs mois.

Pour nous, ce matin, c’est le grand jour. Celui tant attendu, notre départ pour l’archipel des Eolienne. Vingt miles d’une navigation tranquille jusqu’à Vulcano, île au nom magique !

 

Mardi 12 juin   

 

Il n’y a pas que le nom qui est magique ici. Arrivés par la côte ouest de l’île hier à midi, nous avons choisi naturellement le mouillage de Porto Ponante, au nord de Vulcano. Cette baie aux eaux claires, très abritée, est située au pied même du volcan. Les pentes du cratère finissent pratiquement sur la plage, de sable noir évidemment. Nous comprenons très rapidement qu’il s’agit bien d’un volcan en activité. Un chapelet de fumeroles s’échappe du sommet et une forte odeur de soufre nous monte aux narines. Nous posons l’ancre parmi les quelques voiliers déjà mouillés, entourés de concrétions aux formes bizarres, résultat de la dernière éruption de 1890.Trop tard pour envisager l’ascension le jour même, à cause de la chaleur, nous l’avons  programmée pour aujourd’hui, nous contentant pour l’heure d’une première visite du site.

Le village de Vulcano est forcément très touristique, mais un certain charme se dégage de l’ensemble et la similitude avec les Antilles est frappante. Même végétation, même fleurs, le tout sous une chaleur humide et accablante.

Sur la plage à l’est du village se trouve un bassin de boue sulfureuse. Pour une somme modique, nous nous essayons au bain de boue parmi les nombreux touristes corpulents venus en cure d’amincissement ! Pour beaucoup d’entre eux, je pense que les bains de boue ne seront pas suffisants…L’expérience est sympathique, d’autant qu’après s’être enduit de cette terre chaude et grise, le but est de passer de l’autre côté de la dune et de se plonger cette fois dans les eaux chaudes et toujours sulfureuses de la baie. Suivant ses envies, on peut choisir la température de son bain en se rapprochant ou en s’éloignant de la source d’eau chaude. Dans tous les cas, ne jamais se déplacer nus pieds, car à certains endroits, le sol peut être brûlant. Il en fallait un pour essayer et ce fut moi !

L’ascension du volcan restera le souvenir le plus marquant de notre séjour à Vulcano. En moins d’une heure de marche, nous nous retrouvons au bord d’un cratère énorme d’où sortent des fumeroles au milieu d’un paysage lunaire ! L’odeur de soufre par endroit est suffocante. Un sentier nous permet d’effectuer le tour complet du cratère. La vue qui s’offre à nous est impressionnante. Au nord, toutes les îles de l’archipel se découpent sur le bleu de la Méditerranée et au sud, les côtes de la Sicile avec l’Etna en point de mire, et son sommet  enneigé.

Et tout en bas, dans cette baie d’un bleu turquoise, Casalibus qui semble nous appeler en tirant sur sa chaîne…

    

Mercredi 13 juin              

   

Lipari. Principale île des Eoliennes. Nous sommes arrivés hier en fin d’après midi après une navigation qui s’est voulu exclusivement à la voile. Ce n’était encore pas arrivé depuis notre retour sur Casalibus. Un vrai plaisir que de tirer des bords dans le chenal qui sépare Vulcano de Lipari, par dix nœuds de vent et « smooth sea ! » Voilà maintenant plus de huit jours que les conditions météo sont les mêmes. Brises côtières, mer belle et soleil. La température de l’eau s’est d’ailleurs réchauffée sérieusement et le bain matinal n’est plus une épreuve.

Nous avons jeté l’ancre au nord de la ville, le plus loin possible des pontons réservés aux nombreux ferries et hydroglisseurs qui font les navettes avec l’Italie et la Sicile. Le trafic est permanent et la baie est en constante agitation. Nous avons donc consacré notre journée à la visite de l’île, par le moyen le plus approprié ici : le scooter ! Un Piaggio évidemment. Une route permet d’en faire le tour complet et chaque courbe, chaque virage nous montre un paysage différent. A l’est, des carrières d’exploitation de pierre ponce, à l’ouest, des falaises déchiquetées et verdoyantes rappelant un peu l’Irlande et sur le plateau sud, de la vigne, des citronniers et des figuiers de Barbarie. 

Quand à la ville par elle même, elle est absolument ravissante. Nous sommes bien loin des citées siciliennes et de la négligence, ou simplement, de la pauvreté de leurs municipalités. Ici, tout est beau et chaque bâtiment est mis en valeur. Les ruelles pavées embaument tant les fleurs sont présentes partout.           

 

Jeudi 14 juin

 

Douze milles plus au nord, nous avons rejoint la plus petite des îles de l’archipel, Panarea. Même si en apparence, rien ne le montre, il s’agit bien là aussi d’un volcan en activité. Il faut dire que nous sommes à dix milles seulement de son grand frère le Stromboli. Et lui par contre, n’hésite pas à afficher son caractère ! Nous avons appris que son cratère pour l’instant, est obstrué. Il ne crache donc plus en permanence les flammes de l’enfer venues du cœur de la terre, mais se contente de lâcher de temps en temps quelques pets qui ponctuent son sommet de champignons de fumées noires. Ce phénomène paraît-il, est annonciateur d’une éruption prochaine importante ! La date n’est pas précisée…

Le village devant lequel nous sommes ancrés présente la particularité de ressembler plus à un village Grec qu’à une bourgade Italienne. Petites maisons blanches et bleues qui surplombent le port, reliées entre elles par de minuscules ruelles. Le simple fait pour un piéton d’y croiser un triporteur, pose problème. Là encore, nous sommes séduits. La végétation est abondante et odorante. Les fleurs sont partout. Sur les façades des maisons, dans les jardins. Les citronniers ploient sous le poids de leurs fruits et les bouquets de genets partent à l’assaut de la garrigue environnante. Se promener ici est un enchantement d’autant qu’il y a toujours une rue ou un sentier qui se préserve du soleil, même aux heures les plus chaudes de la journée. Nous avons atteint ainsi une plage déserte, au nord de l’île, où au milieu des galets, quelques trous souffleurs dégageant cette odeur caractéristique d’œufs pourris nous rappelant qu’un volcan couve là dessous !

Alors que, le soleil passé derrière la montagne, je m’active au barbecue, mon regard se porte en direction du sud, accrochant un sommet enneigé : l’Etna… 

    

Vendredi 15 juin

 

Bercés toute la nuit par une houle régulière, nous nous levons tôt, même si notre navigation jusqu’à Stromboli ne représente qu’un peu plus de dix milles pour atteindre le seul mouillage possible, au nord de l’île.

Nous finissons de prendre notre petit déjeuner lorsque le zodiac des ormeggiatoris (sorte de gardiens des ports et marinas) s’approche de nous afin de percevoir la redevance de 25 Euros pour nous être amarrés sur un corps mort deux jours durant ! Nous sommes arrivés hier à midi, et il est sept heurs trente du matin ? Oui, mais hier nous étions le 14 et aujourd’hui, nous sommes le 15 ! Je veux bien m’acquitter d’une droit de bouée, mais pour vingt quatre heures seulement. Je divise donc la somme par deux et leurs remet douze Euros. Rien à faire, ils en veulent vingt cinq. Le ton monte pour finalement en arriver à la gratuité pure et simple ? Je crois qu’eux même n’étaient pas tout à fait d’accord sur le tarif à appliquer. Nous quittons rapidement les lieux après avoir quand même récupéré quelques infos sur le mouillage de Stromboli où « là bas, ce sont trente Euros que l’on vous réclamera et en plus, vous ne pourrez pas rester la nuit a cause des risques d’éruption !» Changement de programme ! Direction Filicudi, vingt cinq milles à l’ouest. Aucun intérêt d’aller à Stromboli si nous ne pouvons ni faire le sommet, ni dormir au pied de ce volcan mythique !

Ce soir, nous sommes donc mouillés dans la baie de Porto Filicudi, minuscule village de pêcheurs sur la côte est de l’île. Très peu fréquenté par les plaisanciers, l’endroit est pourtant charmant et surtout, d’un calme exceptionnel. Pas de voiture ni de scooter, et les navettes assurant les liaisons avec les autres îles sont rares.

Après une visite des lieux, nous mettons à cuire sur le barbecue la pêche du jour. Une belle bonite de quarante centimètres prise lors de cette navigation sous voiles, depuis Panarea. Aucun regret finalement d’avoir mis le cap à l’ouest…

 

Dimanche 17 juin

 

Nous avions réservé la plus belle île pour la fin, enfin du moins à ce que l’on avait pu lire ou entendre sur Salina. Et bien cette dernière n’a pas faillit à sa réputation : c’est un enchantement ! Comment expliquer le paradoxe entre le manque chronique d’eau sur cette île et la luxuriance de sa végétation ? Tout est vert, tout est fleuri alors que la vie insulaire est rythmée par les livraisons régulières des bateaux citernes !! Nous avions déjà connu ce phénomène sur les îles Pontines, au large de Naples, l’an passé.

Aucun regret en tous les cas d’avoir choisi le mois de juin pour explorer cet archipel des Eoliennes. C’est sans aucun doute la meilleur période pour la beauté du site et pour la fréquentation estivale encore très timide.

Les possibilités de mouillages forains sont très aléatoires à Salina et nous nous sommes amarrés au quai du vieux port de Santa Marina. Le lieu n’est pas idéal compte tenu des nombreuses navettes assurant la desserte de l’île, mais l’endroit est sûr et gratuit ! A trente Euros par jour au Porto Touristico d’à côté, notre choix s’impose de lui même…Nous bénissons notre autonomie en énergie et en eau douce.

Aujourd’hui encore, nous avons visité l’intérieur de l’île en scooter, moyen de transport idéal et universel ici.

Un petit bémol cependant en ce qui concerne la gentillesse légendaire des Italiens qui ici, ne semble plus être de mise ! A une exception  près tout de même, le patron du point internet. La boutique est bien plus qu’un sanctuaire du web, c’est aussi le rendez-vous des bourlingueurs de tous poils, qui n’hésitent pas a laisser leurs impressions ou leurs astuces sur des tableaux installés à cet effet. Toutes les nationalités sont représentées et le tenant du lieu est bien le seul à pouvoir les déchiffrer toutes.

 

Sud de l'Italie

 

Jeudi 21 juin 

 

Reggio di Calabre. Il est huit heures du matin et nous venons de nous amarrer au ponton de la marina de ce port commercial du sud de l’Italie. Cette fois, nous avons bouclés notre tour de Sicile commencé l’an passé.

Nous avons quitté Milazzo dans la nuit afin d’être dans le détroit de Messine à l’étal de marée, période où les courants sont les plus faibles. Le seul intérêt de cette citée balnéaire est de se trouver à quinze milles seulement des Eoliennes. Pour notre part, nous y avions déniché par hasard, un superbe mouillage à la pointe même du cap Milazzo, endroit merveilleux et désert !

Nous avons donc franchi ce passage historique entre la Sicile et la botte italienne au levé du jour, par mer plate et vent arrière, toutes voiles dehors. Deuxième avantage à cette heure-ci, le trafic maritime est limité et comparativement à l’an passé, nous étions beaucoup plus sereins !

Voilà bien longtemps que n’ou n’avions mis les pieds dans un port et celui-ci est tout à fait représentatif de la région : sale et délabré ! Mais à moins de poursuivre notre route sur plus de soixante milles pour rejoindre le port suivant, nous n’avions pas le choix. Ceux ci sont rares sur la côte sud de l’Italie et bien évidemment, tous ce qui est rare est cher… De plus, le centre ville est éloigné de la marina et la journée promet d’être chaude ! Nous remettons la sieste à plus tard et filons faire quelques courses avant la canicule.  

 

Vendredi 22 juin

 

Huit heures du matin. Nous doublons le cap Dell Armi qui délimite le détroit de Messine et entrons en mer Ionienne sous les meilleurs hospices. Un banc de dauphins nous a accompagnés pendant près de deux heures !!! Incroyable, des dizaines de ces mammifères marins se sont relayés à l’étrave en nous offrant danses et sauts périlleux a n’en plus finir ! Certains, plus joueurs que d’autres s’évertuaient à nous mouiller copieusement de leurs coups de queues ou plus simplement par leur évent en expirant fortement. Ils étaient si proches de nous que nous entendions clairement leurs petits cris aigus. Le plus beau spectacle jamais vu. Ils nous ont ainsi guidés vers la sortie du détroit, nous souhaitant ainsi un bon voyage vers la Grèce. Après les avoir observés aussi longtemps, il est impossible de douter de leur incroyable intelligence. Leurs yeux parlent et nous disent qu’ils sont aussi heureux que nous de leur manège…et ne riez pas.

Leur départ fait naître une tristesse parmi l’équipage et les huit heures de navigation qu’ils nous restent à faire vont nous paraître bien longues.

 

Samedi 23 juin

 

Roccella Ionica, 38° 19’ de latitude et 33° de température à l’intérieur de Casalibus ! Nous sommes amarrés dans cette marina à la particularité d’être entièrement gratuite ! Ce n’est d’ailleurs pas sa seule spécificité. Elle se trouve être le point de rencontre de tous les marins en partance vers la Grèce ou en provenance de la Grèce. D’ou cette ambiance particulière de recherches d’informations réciproques.

Les contacts sont faciles et sympathiques. D’autant que l’accueil des arrivants est laissé à la charge des plaisanciers en transit. Pour notre part, nous sommes accueillis par Anne et Alain qui nous aident à l’amarrage après nous avoir indiqué les différentes possibilités d’emplacements. A la retraite depuis deux ans, ils naviguent en Méditerranée après un hivernage en Tunisie. La fatigue doit se lire sur nos têtes car ils regagnent leur bateau sitôt les présentations faites non sans nous avoir, au préalable, lancé une invitation pour l’apéritif du soir. Impossible de refuser…

Il est vrai que depuis deux jours, nos nuits de sommeil ont été écourtées. Cette navigation si bien commencée nous a réservé quelques heures beaucoup moins idylliques. Après un long bord par vingt cinq nœuds de vent arrière dans le détroit de Messine, c’est le calme plat qui nous attendait au passage du cap dell Armi. Le moteur fut donc sollicité, et même poussé à son maximum après qu’une brise soutenue se soit levée de l’est, en plein dans notre nez ! C’est dans ce genre de situation que l’on rêve d’un bateau à déplacement lourd, bien motorisé, capable de passer dans la vague sans difficulté, en conservant toute sa vitesse…mais c’est un peu plus cher !!!

Un couple de Belge était aussi de la partie sur Odyssée, le voilier français. Elle, « pince sans rire », lui pourvu d’un humour belge des plus authentique, la soirée s’est prolongée très tard à la pizzeria du port où les pizzas sont vendues au mètre ! Et pour un prix dérisoire. Encore une particularité du lieu. Conséquence inévitable, je conserve aujourd’hui les mêmes poches sous les yeux ! Nous reportons notre départ à plus tard…      

 

Lundi 25 juin

 

La journée s’annonce belle ! Le soleil se lève juste sur l’horizon. Nous naviguons depuis une demi-heure en direction de notre prochaine destination : Le Castella., une cinquantaine de milles dans le nord est.

Trois jours en escale dans un port et sans y être contraint, je m’étonne de nous même ! Il est vrai que nous ne sommes pas en retard sur le programme et qu’il était bien agréable de pouvoir a nouveau communiquer en français, qui plus est avec des gens sympathiques. L’inconvénient des ports, c’est la chaleur ! Elle se fait de plus en plus pesante. Nous avons passé la journée d’hier au mouillage à la sortie du port où une brise légère rendait la température supportable…à condition de se baigner quatre fois dans l’heure !

Encore une fois, les gardes côtes italiens ont fait de l’excès de zèle. Ancrés à environ deux cent cinquante mètres du rivage, ils sont venus nous demander de nous reculer. J’interroge évidemment afin de connaître la réglementation exacte. Cinq cents mètres me répond le plus jeune ! A ni rien comprendre. Un coup deux cent mètres, une autre fois trois cent, aujourd’hui cinq ? Le soir même au bar du port, l’occasion m’est donnée de poser la question au directeur de l’école de voile locale. Il parle français et est surpris par cette histoire. Il appelle les gardes côte avec son téléphone et me confirme que la distance légale est bien de deux cent mètres, d’ailleurs, la réglementation est affichée au bureau du port où nous pouvons vérifier par nous même. Je lui fais part de mon intention d’aller leurs demander des comptes dès ma bière terminée (non mais quand même, pour qui nous prennent t’ils…) ce qu’il me déconseille fortement ! Je m’en tiendrai à son avis…     

 

Mardi 26 juin

 

Il est vingt heures à ma montre et la température ambiante est de trente cinq degrés ! Nous sommes à Crotone, ville historique de la Calabre du sud. Cette journée a été riche en évènements ! Souffrant d’une otite aiguë depuis le milieu de la nuit dernière, il me tardait ce matin d’aller consulter un médecin. Nous étions tombés la veille sur un personnage atypique, originaire de la région, mais marié à une allemande rencontrée au Canada où ils avaient vécues jusqu’à l’âge de la retraite. Comme nous lui demandions la direction du supermarché en franco italien, il nous répondit dans un français plus que convenable. Echange de compliments et d’impressions réciproques, nous finissons sur leur terrasse, attablés devant une bière…allemande bien entendu. Alors que nous nous demandions ce matin s’il y avait un médecin dans ce village perdu de Castella, il devenait évident de retourner frapper à leur  porte. Rendre service pour un calabrais, comme pour un sicilien d’ailleurs, n’a pas de limite. Un quart d’heure plus tard, je me trouvais à ses côtés dans sa BMW flambant neuve, filant à 160km/h en direction de Crotone, distante de 20 kilomètres. Sa belle sœur, médecin chef à l’hôpital de la ville, s’occupera de me trouver un spécialiste capable de me prendre en charge rapidement. C’était sans compter sur l’emploi du temps hyper chargé de la belle sœur qui se contenta, au téléphone, de nous indiquer le chemin des urgences ! La cours des miracles…En jouant un peu du coude, mon accompagnateur et moi même, réussissons en moins de trente minutes a accéder au bureau d’accueil des urgences. Il faut dire que trois accidents de la route consécutifs ce matin même ont quelque peu mouvementés l’activité ! Une fiche comportant mon nom et mon prénom est glissée dans une corbeille de couleur blanche et je m’installe en salle d’attente. Après une petite heure, et malgré les nombreuses interventions de Pierre le « pilote de course », il est claire que nous serons encore a attendre ici à la fin de la journée. D’autant qu’une affiche explique clairement le classement hiérarchique des urgences en fonction de la couleur que l’on vous attribue.  Le rouge étant la priorité, suivit du jaune, du vert du bleu et j’en oublie, pour finir par le blanc, couleur de la corbeille où mon nom se perd parmi les autres. Je lui propose de partir à la recherche d’un médecin généraliste en centre ville. Il doit bien s’en trouver dans une ville de quinze mille habitants ? D’autant que la douleur ne s’estompe pas et que la fièvre m’assomme. De renseignements en recherches, nous finissons par arriver au « médi-center », groupement de médecins de tous ordres où je suis pris en charge en moins de cinq minutes ! Mon accompagnateur fait l’interprète durant la consultation et le diagnostique est inquiétant. L’inflammation touche les deux oreilles et plus particulièrement la gauche atteinte jusqu’à la gorge d’après mon traducteur ! Un traitement antibiotique de six jours, par injections m’est prescrit accompagné de séances d’inhalations journalières. Notre situation de plaisanciers ne simplifie pas la chose. Le mieux serait que l’on rejoigne le port de Crotone afin de pouvoir effectuer ces séances sur place. Dois-je faire confiance à ce médecin ? N’en fait il pas un peu trop dans le but de me soutirer un peu plus d’euros ? Je conviens cependant de l’importance de me soigner d’autant que la lassitude et la fatigue l’emportent. Une prescription est établie à mon nom et le médecin nous raccompagne au secrétariat. Lorsque je demande combien je dois, celui-ci me tend la main et me parle de solidarité entre marins : il en est un, par la pratique et par le cœur… Non seulement, la consultation sera gratuite, mais il s’arrange pour que les frais pharmaceutiques et infirmiers ne me soit pas facturés. Ma première injection est réalisée à la pharmacie même quelques minutes plus tard et il en sera de même pour les cinq jours à venir. Nous rentrons à la Castella par le même chemin, à la même vitesse, en un peu plus de dix minutes. Il nous en faudra cent quatre vingt quinze cet après midi pour gagner le port de Crotone à la voile et au portant, par vingt cinq nœuds de vent.         

 

Samedi 30 juin

 

Nous sommes arrivés à Siro Marina en début d’après midi pour constater que de marina, il n’y avait que le nom. En fait, un petit port de pêche où se côtoient tous ce qui navigue… Il y a bien les pontons de la Léga Navale, mais une annexe n’y trouverait pas de place. Nous nous mettons à couple de deux voiliers, les seuls bateaux de passage dans ce port.

Il était tant que l’on parte de Crotone car nous en avions fait le tour de chaque quartier. Et même des environs que nous avons visités avec Pierre et sa femme, venus nous retrouver pour une soirée pizzas. Je dois reconnaître que ce jour là, sa conduite était beaucoup plus timide… 

Ce matin, j’ai du me rendre à la « guardia medicale » pour mon injection journalière, ma pharmacie coutumière étant fermée. J’ai pu y retrouver le même folklore qu’à l’hôpital. Sans l’intervention d’une patiente compatissante, les nombreux prétendants aux soins me passaient tous devant malgré mon arrivée matinale. Tout ce qui touche aux administrations semble désorganisé et anarchique ! Mais les italiens eux même le reconnaissent et semblent s’en accoutumer. Il court ainsi une blague que Pierre me comptait lors de nos tribulations en quête d’un médecin l’autre jour. « Que serait l’Europe des quatre, Allemagne, Angleterre, France et Italie si se devait être un paradis ? Et bien les allemands seraient les dirigeants, les anglais les policiers, les français les cuisiniers et les italiens les artistes. L’enfer donnerait aux allemands la charge de la police, aux anglais celle de la cuisine, l’art aux français et l’organisation aux italiens »…je trouve que c’est très méchant pour nos artistes !       

 

Lundi 2 juillet

 

Gallipoli, dans le golfe de Tarente. Nous avons hésité un peu a faire ce détour qui nous oblige a pénétrer à l’intérieur de cette immense baie qu’est le golfe de Tarente. C’est sans regret ! La vieille ville et son port de pêche rappelle un peu Concarneau et sa ville close. En nettement moins touristique.

Arrivés hier après midi après une navigation de dix heures depuis Siro Marina, nous avons jeté l’ancre à l’abri des îlots del Campo et Piccioni, au pied de la citée historique. Si nous n’avions remarqué les voiliers déjà au mouillage, nous n’aurions certainement pas osés aventurer Casalibus dans un tel endroit ! Et nous aurions eu tort car le site est extraordinaire. Nous sommes dimanche et de nombreux bateaux viennent ici pour y passer la journée. Nous nous disons que, passé dix huit heures, tous ces gens rentreront chez eux. Finalement, c’est une brise soutenue venant du sud qui contraint tout le monde à lever le camp. Nous persistons un peu en espérant une accalmie, avant de nous résigner à gagner le port où nous mouillons à l’abri de la digue et de la ville. D’autres bateaux locaux nous on précédés ce qui nous laisse a penser que le mouillage y est autorisé !

Après un tour de cadran ou presque, d’une nuit tranquille, nous partons à la découverte de cette citée byzantine habitée encore aujourd’hui par des familles de pêcheurs noyées parmi les nombreuses boutiques de souvenirs et produits locaux. Nous sommes immédiatement séduits par l’ambiance et décidons de rester ici un ou deux jours. De retour au bateau, alors que nous projetons un apéritif avec dégustation d’une fricassée de minis escargots achetés au marché, se sont encore une fois les gardes côtes qui viennent troubler notre bonheur ! Nouvelle réglementation apportée à nos connaissances : le capitaine d’un bateau ne doit jamais quitter le bord lorsque le bateau est sur ancre !!! Ils sont passés le matin et il n’y avait personne à bord. Deuxièmement, nous sommes trop près de l’entrée du port et nous devons donc reculer d’un demi-mille de celle ci ! Un délai nous est il accordé pour quitter les lieux ? Pas de problème, nous avons dix minutes !!! Les gardes côtes auront vraiment étés les seuls personnages détestables rencontrés durant nos trois saisons de navigation dans les eaux italiennes…

 

Jeudi 5 juillet

 

Notre dernière escale en Italie ! Santa Maria di Leuca, à l’extrême sud du talon de la botte italienne. Nous avons profité d’un vent portant soutenu de nord ouest pour effectuer les trente milles nautiques qui nous séparaient de ce dernier point de passage avant la Grèce.  Mouillés à l’ouest du port, nous avons attendu le départ d’un petit cargo pour aller nous amarrer au quai public de la ville. Notre accostage, un peu folklorique, fit peser sur mes épaules un de ces moments de honte que l’on espère vite oublié… En approchant du quai, passant sous la proue d’un chalutier déjà apponté, je n’ai pas pensé à la hauteur de notre portique arrière qui, sans les cris d’alerte de Brigitte, aurait une triste mine aujourd’hui ! Une « marche arrière toute » évita le pire mais n’empêcha pas Casalibus de heurter le quai de son étrave, protégée heureusement par son ancre toujours à poste (merci au davier basculant !). L’équipage d’un bateau de promenades à quai s’est précipité pour prêter mains fortes sous l’œil effaré de ses  touristes attablés. Sitôt le voilier amarré, deux verres de vin nous sont amenés avec l’invitation incontournable de nous joindre à eux afin de goûter aux moules à la sauce piquante. Il faut savoir quelquefois faire preuve d’humilité et laisser sa fierté au placard…Merci en tous cas à toi, capitaine de ce « promène couillons », dont je m’abstiendrai dorénavant de me moquer ! Qui plus est, tes moules étaient excellentes…

Cette ville de Santa Maria di Leuca est le passage obligé des navires en transits pour la Grèce et cette situation stratégique en a fait une place forte à différentes périodes de l’histoire. C’est Mussolini qui entreprit les derniers travaux d’agrandissement portuaire, et la construction de l’escalier monumental en pierre qui mène à la basilique.  Nous  nous reposerons finalement deux jours dans ce lieu historique. Juste le temps d’avoir nos derniers déboires avec les gardes côtes italiens ! Ils nous demandent de quitter le quai public ! Raison invoquée : il y a des travaux sur le quai, nous devons aller au port touristique. Cette fois, je ne cède pas et explique que je n’ai pas d’argent pour payer la marina et que je vais jeter l’ancre dans le port. Alors que je m’attends à quelques ennuis, je suis stupéfait de les entendre nous dire que nous pouvons rester ici pendant deux jours maximum ! Aurions nous eu tords de céder jusqu’à présent à leurs adjonctions ?

 

Dimanche 8 juillet

 

Ormos Ammou sur l’île d’Othoni, douze milles nautiques au nord ouest de Corfou !  Premier mouillage dans les eaux translucides grecques. Premier ouzo et premiers contacts avec ce peuple à l’histoire tourmentée. La baie où nous sommes ancrés est un petit port naturel en avant d’un minuscule village qui se veut touristique. Trois restaurants, une épicerie et une boutique de souvenir. Nous sommes une dizaine de voiliers au mouillage, essentiellement des français. La côte est montagneuse et très boisée. Des forêts de cyprès envahissent les pentes abruptes qui bordent la baie. Palmiers, citronniers et oliviers sont présents dans chaque jardin. La chaleur est tolérable et les nuits sont presque fraîches : le bonheur ! Quand à la bière nationale, on a déjà vu pire…

Arriver dans un tel lieu, après une navigation musclée de près de dix heures, ça vous donne envie de ne plus bouger.

Nous étions plutôt heureux de quitter cette côte d’Italie que nous avons parcourue pendant trois saisons consécutives. Partis à cinq heures hier matin, nous avons parcouru les trois quart du trajet à la voile, par vingt cinq nœuds de vent. La difficulté est venue de la mer qui s’est formée de plus en plus pour devenir agitée dans la matinée. Les meilleurs moments resteront la pêche d’une bonite de quarante cinq centimètres dans la première demi-heure de cette traversée et la visite de deux dauphins venus nous souhaiter la bienvenue à deux milles de notre destination ! Nous venions d’envoyer dans les haubans le pavillon grec, formalité de courtoisie obligatoire…

 

Lundi 9 juillet

 

Nouvelle île, dix milles plus à l’est. Erikoussae, encore un port naturel planté dans un décor époustouflant ! Je passe sur la plage de sable blanc et la limpidité de l’eau. Quelques maisons seulement, accrochées au relief où abondent les cyprès. Deux restaurants et une petite épicerie permettent un approvisionnement minimum à des prix tout a fait corrects, vu l’isolement de cette île. Par contre, c’est la première fois que nous nous trouvons dans l’impossibilité d’envoyer un courrier postal. Pas de timbres, pas de boite aux lettres mais on vous vend quand même des cartes postales ? Nous n’avons encore pas essayé la gastronomie grecque car aucun restaurant n’affiche de menu ! Celui de la plage est tenu par un autochtone dont les serveuses roumaines, en plus de l’anglais, parlent très bien le français. Nous essayons de nous renseigner sur la restauration proposée sur place, mais il semble qu’ici, on soit les rois de la saucisse frites …néanmoins, elles sont charmantes !

 

Mercredi 11 juillet

 

Nous avons quitté ce matin Erikoussa alors qu’une houle nous avait bercés toute la nuit. Nous optons pour un itinéraire visiblement peu conventionnel vu l’absence de bateaux dans le petit port de Mathraki. Cette île est située un peu plus au sud, à l’ouest de Corfou. Mais nous aimons bien sortir des sentiers battus.

Là non plus, il n’y a rien ou presque. Un restaurant-épicerie et quelques barques de pêche en attente de conditions meilleures pour sortir. Il faut dire que nous avons profité d’un vent généreux pour arriver jusqu’ici. Sept beauforts de vent arrière nous ont permis de naviguer à plus de sept nœuds sous génois seul. Un bémol, la houle qui nous a accompagnés jusque dans le port. Nous sommes sur ancre, cul au quai, et nous avons du multiplier les amarres pour garder le bateau dans l’axe et suffisamment éloigné du ponton en ciment. Notre objectif étant de gagner Palaiokastrita sur la côte ouest de Corfou, la baie la plus réputée de l’île mais la moins visitée des plaisanciers.

 

Vendredi 13 juillet

 

Palaiokastrita, nous y sommes depuis ce matin. Mais nous l’avons payé cher ce paradis de l’île de Corfou.

Deux jours prisonniers dans ce port de Plakes à Mathraki, où le coup de vent que nous avons subit ne s’est pas arrêté à l’entrée. Seul le bassin des bateaux de pêche présente un abri a peu près correct, mais Casalibus n’y a pas accès compte tenu de la taille du plan d’eau. Le quai principal quant à lui bénéficie largement de la houle extérieur et qui plus est, en ce qui nous concerne, des déferlantes passants par dessus la digue. Quarante cinq nœuds de vent dans les rafales, de quoi  nous occuper toute la nuit !

Quand on regarde aujourd’hui cette baie magnifique, complètement protégée, aux eaux turquoise où nous sommes ancrés, on a envie de croire en ce dieu que vénèrent les moines du monastère d’Ay Spiridon, là haut sur la falaise. A peine croyable la beauté du site et la quiétude qu’il inspire. Entouré de sommets verdoyants, quelques maisons et un hôtel surplombent le golfe très abrité de Palaiokastrita. Le petit port complètement fermé au nord de la baie est peuplé de bateaux d’excursions et de barques de location à destination des nombreux touristes qui fréquentent les lieux. Leur objectif étant la visite des quelques grottes marines trouant les falaises environnantes. Mais de plaisanciers, il n’y en a point…pour l’instant. Nous sommes encore une fois le seul voilier au mouillage dans ce paradis oublié et c’est tant mieux !

      

Dimanche 15 juillet

 

Trois jours que nous sommes ici, à Palaiokastrita alors qu’aucun élément extérieur ne nous retient. Cela paraît incroyable pour les nomades que nous sommes. Mais

à quoi sert de quitter un paradis quand on y est roi ? Nous avons quand même levé l’ancre ce matin pour la poser un peu plus loin dans la baie, devant une autre plage de sable fin, elle même cernée par les montagnes boisées. Chose curieuse quand même, c’est la température de l’eau qui a chutée considérablement avec le coup de vent de la semaine dernière. Et je dois dire que depuis, nous ne souffrons plus de la chaleur durant la nuit. La couverture est de rigueur et nous ne nous en plaignons pas. Toujours étonnant le fait que nous soyons seuls en ces lieux ? Nous voulions sortir des sentiers battus, c’est une réussite…

Hier, nous avons testé le moyen de transport le plus approprié à Corfou : le scooter. Plus de Piaggio comme en Italie, mais des Suzuki. Nous sommes à vingt cinq kilomètres de la ville de Corfou et nous avons donc décidé d’aller jeter un œil sur cette côte est de l’île, là où tous les bateaux de voyages se rendent. Tout est beau. La ville de Corfou, les plages cachées derrière les îlots, les filles…et pour l’instant, on ne peut pas dire qu’il y est foule. De quoi nous rassurer pour les jours à venir.

Une petite parenthèse en ce qui concerne les scooters Suzuki. Ils ne pardonnent pas les erreurs de pilotage, mais alors pas du tout ! Un virage abordé un peu vite nous a vus nous vautrer lamentablement sur le bitume. Plus de peur que de mal, mais nous ressemblons à deux gamins qui se sont essayés au vélo pour la première fois. D’autant que nous étions en short et tee short évidemment ! Par contre, très solide le scooter. A peine éraflé sur le côté. Pour ne pas affoler le loueur, je suis retourné seul pour la restitution en prenant soin de cacher mes éraflures à moi, et ma démarche un peu boiteuse...

 

Mardi 17 juillet

 

Après une remonté sans problème de la côte ouest de Corfou, nous avons rejoint l’île de Erikoussa d’où nous étions partis mercredi dernier. Nous étions quand même douze voiliers au mouillage hier au soir. Fini les mouillages solitaires dans les paradis perdus ? Pas du tout ! Ce soir, nous sommes à nouveau seuls dans la baie d’Imerolia à l’ouest de Kassiopi dans le nord de l’île de Corfou. Si la ville est très touristique et envahie de britanniques, les quelques voiliers présents ont optés pour le port, nous laissant l’intégralité du mouillage…

Kassiopi se trouve être le port le plus proche de la côte albanaise. Six kilomètres seulement nous séparent de ce pays encore très fermé aux touristes. Il y a quatre ans, toute cette zone au nord est de Corfou était encore interdite à la navigation tant la tension avec l’Albanie était grande. De fréquents actes de piraterie avaient lieu et cette triste réputation est peut être aujourd’hui, la cause de cette absence de plaisanciers. Pour l’heure, la marine grecque se fait plutôt discrète et tous ces problèmes semblent avoir disparus. Ce qui est étonnant, ce sont les feux qui brûlent en permanence dans les montagnes albanaises. Depuis le premier jour où nous avons aperçu la côte de ce pays durant notre traversée depuis l’Italie, ces incendies n’ont cessés de ravager les pentes des montagnes. La nuit, ces gigantesques incendies sont à la fois beaux et inquiétants. Ce matin, le pont du bateau était recouvert de particules cendrées que la brise nocturne avait transportées…

 

Jeudi 19 juillet

 

Aujourd’hui, nous avons parcouru…un mille nautique ! Entièrement à la voile tout de même. Nous avons simplement changé de baie pour voir si elle était aussi jolie. Aussi belle, pas de doutes, mais également délaissée ! Encore seuls au monde pour cette nuit. Pourtant, nous en avons vu passer des voiliers au large. Aucun n’a pris la peine de s’arrêter ne serait ce que pour la pose de midi. La baie et la plage sont désertes et comme aucun accès n’est possible par les terres, notre tranquillité est garantie !

Demain, nous retournons à Kassiopi pour les soins de Brigitte. Ah oui ! Disons que sa blessure à la jambe ne s’est pas trop arrangée et nous avons dus consulter un médecin aujourd’hui…A chacun son tour !

 

Dimanche 22 juillet

 

Quarante et un degrés à l’ombre ! Ancrés dans le nord de la marina de Gouvia, nous attendons, allongés dans la fraîcheur toute relative à l’intérieur du bateau que le soir arrive ou qu’une brise, même timide se lève.

Nous sommes arrivés ce matin après deux jours passés dans les mouillages somptueux de la côte est. Bien sûr, plus question de robinsonnades sur des plages désertes, mais nous avons pu y trouver une place pour Casalibus sans problème. L’arrivée de Viviane, mercredi prochain, sera pour nous une excellente occasion de retourner flâner dans ces lieux enchantés. Nous sommes heureux de sa venue et attendons notre équipière avec impatience, car, comme je le répète asses souvent, la seule ombre au tableau de ces longues navigations en Méditerranée, c’est l’absence des proches que nous laissons pour quatre mois.

Ces trois derniers jours nous ont fait découvrir des lieux dignes des meilleures cartes postales de Corfou. De paisibles petits villages au fond de criques paradisiaques qui, même si en ce mois de juillet les touristes y sont nombreux, il semble qu’ils soient tous venus y chercher la tranquillité et le repos. Rien ne bouge avant dix heures du matin et tout semble dormir jusqu’à onze heures. Malheureusement, de nombreux cargos passent dans ce chenal étroit et tout le secteur a probablement été victime de l’indélicatesse de l’un d’eux hier matin. Une mini pollution par hydrocarbure a affecté la baie où nous nous trouvions. Résultat, une multitude de boulettes échouées sur la plage qui arborait fièrement son pavillon bleu…Pour nous, ça se traduira par deux heures de travail acharné pour nettoyer la coque du bateau avec du diluant ! Qu’est ce qui peut pousser des gens a commettre de tels crimes contre l’environnement ?

 

Mardi 24juillet

 

De retour à Corfou, en voilier cette fois… Il y a dix jours, l’eau était à moins de vingt degrés, aujourd’hui, elle atteint les vingt huit ! De notre vie, nous n’avons eu à subir de telles températures. Plus un brin de vent et un ciel brumeux qui limite la visibilité à quelques centaines de mètres. Du coup, malgré l’absence de nuages, nos panneaux solaires ne produisent plus suffisamment d’énergie et nous devons limiter notre consommation d’autant que le frigo, lui, fonctionne à plein régime.

Ce soir, nous avons changé de place car, mouillés au pied de la citadelle, notre sommeil fût troublé par la musique des différents bars de l’esplanade. Notamment le plus proche de nous qui se décida à fermer ses portes à quatre heures trente ce matin !!! Ajouté aux trente six degrés de température ambiante, et à la reprise des liaisons aériennes dès cinq heures du matin, je vous laisse imaginer la nuit que nous avons passée… Pour l’instant, il est vingt trois heures et seul le bruit des avions se posant ou décollant de l’aéroport tout proche trouble notre tranquillité. Demain soir, nous nous y rendrons pour accueillir Viviane.        

 

Samedi 28 juillet

 

Le soleil brille, la mer est belle et les filles font la sieste ! Et oui, les filles puisque Viviane fait partie de l’équipage depuis mercredi. Mais ma position de minoritaire ne m’empêche pas de rester le seul maître à bord…en étroite collaboration avec elles tout de même !

L’arrivée de Viviane est un réel bonheur. Depuis deux mois que nous étions seuls Brigitte et moi sur ce voilier, sa présence nous fait du bien. Quant à son aptitude à la navigation, tout se passe on ne peut mieux…Son séjour avec nous est aussi l’occasion d’avoir des nouvelles du pays et son sac de voyage contenait notre courrier fraîchement rapporté de Saint Pierre.        

Après une journée à visiter la magnifique ville de Corfou (et a chercher un médecin pour soigner cette fois mon angine !), nous remontons la côte est en cabotant de mouillages en mouillages. Nous faisons ainsi découvrir à Viviane les plus belles criques de Corfou. Y revenir reste pour nous un enchantement.    

 

 

 

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